Test de civisme à Casablanca
EDITO. Comment faire adhérer les citoyens au strict respect des mesures restrictives anti-Covid-19 ? L’équation posée devant les autorités est simple et complexe à la fois : simple, car le danger est connu et les mesures tracées, complexe, car l’insuffisante adhésion des citoyens à l’effort de lutte contre la propagation du virus, contraint à instaurer des mécanismes de contrôle et de coercition.
Une déperdition d’énergie dont les services de l’ordre se seraient passés volontiers, au nom de l’optimisation des efforts et des ressources. Or, la pandémie a brouillé sur son passage toute possibilité de souplesse. La courbe d’évolution du virus ne semble plus vouloir se tasser, faisant planer les inquiétudes sur les capacités du système sanitaire à absorber le choc. Et c’est parce que nous n’avons pas les moyens de subir un scénario encore plus dramatique que l’actuel état des choses, les décisions tombent à coups de fermeture de villes, de couvre-feu…
À Casablanca, après près de deux mois de raffermissement des mesures restrictives, les autorités sont passées à la vitesse supérieure. Pourtant, l’on continue à voir des citoyens circuler au-delà du couvre-feu, d’autres faisant fi des mesures barrières ou encore exprimant haut et fort leurs doutes quant à la nécessité du port de bavettes. Plus encore : le cauchemar de la pandémie dure depuis plusieurs mois et certains sont encore convaincus que le virus n’est que pure chimère. Avec le durcissement des mesures restrictives, les contaminations ralentiront-elles pour autant ? Rien n’est moins sûr. Nous sommes devant un cas de conscience, une sorte de test grandeur nature en matière de civisme qui semble loin d’être réussi pour le moment. C’est aussi, avouons-le, la résultante de longues décennies durant lesquelles le Marocain s’était détaché de toute notion d’intérêt général. C’est cette flamme qu’il nous faut aujourd’hui raviver, celle de l’engagement.
Meriem Allam / Les Inspirations Éco