Nutrition : et si nous éliminions le sucre des produits de grande consommation au Maroc ?

Par Selma Berdai
Fondatrice et CEO de KOJO
Avec une consommation annuelle de 36 à 37 kg par habitant, soit près de 100 g par jour, les Marocains dépassent de loin les 25 g recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette surconsommation, en grande partie inconsciente, entraîne des conséquences graves : explosion des cas de diabète, progression de l’obésité et augmentation des maladies cardiovasculaires.
Ces chiffres, alarmants, révèlent l’urgence d’une réforme des habitudes alimentaires. Une grande partie du problème vient des produits de grande consommation, souvent saturés de sucres cachés. Ces sucres sont non seulement inutiles sur le plan nutritionnel, mais ils aggravent également des pathologies chroniques qui ont un coût humain et économique considérable.
Par exemple, selon un rapport de l’OMS, le diabète coûte à lui seul plusieurs milliards de dollars chaque année en soins et pertes de productivité à travers le monde. La réforme de l’industrie agroalimentaire n’est donc pas seulement souhaitable : elle est une nécessité sanitaire, sociale et économique.
Une transformation par l’innovation
Pour sortir de cette impasse, l’innovation et l’engagement des acteurs économiques sont essentiels. Certaines entreprises marocaines explorent des solutions pour proposer des alternatives à la fois saines, accessibles et adaptées aux goûts locaux.
Par exemple, l’initiative de Kojo, qui réinvente des produits comme le pain en supprimant les sucres ajoutés tout en maintenant goût et qualité, démontre que ce changement est possible. Réinterpréter des produits de base comme le pain, en supprimant les sucres ajoutés tout en préservant le goût et la qualité nutritionnelle, est une piste qui mérite d’être généralisée.
Cependant, ces initiatives isolées ne suffisent pas. Il est crucial de mettre en place des politiques publiques ambitieuses pour encourager les industriels à revoir leurs formulations et éduquer les consommateurs à détecter les sucres cachés dans les produits qu’ils consomment au quotidien. L’expérience de pays ayant mis en place des taxes sur le sucre ou des étiquetages nutritionnels clairs montre que ces mesures peuvent avoir un impact rapide et significatif sur la consommation.
Sensibiliser pour agir : l’importance d’un mouvement collectif
Le changement des comportements alimentaires passe aussi par une sensibilisation large et éducative. Créer un mouvement collectif permet non seulement d’informer, mais aussi d’engager tous les acteurs. Des campagnes locales, comme «Nebdaw daba» (Commençons maintenant), illustrent l’importance de mobiliser les citoyens autour d’un objectif commun : adopter des habitudes alimentaires plus saines sans renoncer au plaisir de manger.
Ce type d’initiatives doit s’accompagner de témoignages concrets et d’exemples inspirants de consommateurs ayant transformé leur quotidien grâce à des alternatives équilibrées.
En valorisant ces histoires, on peut créer un effet d’entraînement positif, susceptible d’influencer l’ensemble du marché agroalimentaire. Il est également essentiel d’impliquer les associations de santé publique pour renforcer la portée de ces campagnes.
Un avenir plus sain et durable
La transition vers des produits de grande consommation sans sucres ajoutés est possible, mais elle exige un engagement à tous les niveaux : industriels, pouvoirs publics et citoyens.
En réinventant les standards de l’industrie alimentaire, le Maroc a l’opportunité de devenir un modèle régional dans la lutte contre les maladies liées à l’alimentation. Nous avons tous un rôle à jouer pour amorcer ce changement de paradigme.
En conjuguant innovation, volonté politique et sensibilisation collective, il est possible de construire un avenir alimentaire plus sain et durable pour les générations futures. Nebdaw Daba, commençons maintenant !