Le coût du halal
Les banques islamiques, dites aussi participatives ou «halal» sont dans de sales draps. Les Marocains n’y adhèrent pas comme on s’y attendait, et ce pour plusieurs raisons. On est loin de l’image d’Épinal des Marocains sortant leurs économies de sous les carreaux et se précipiter à la première agence «halal» pour lui confier l’épargne d’une vie. Aujourd’hui, à l’ère de l’Internet et des nouvelles technologies, les Marocains sont de plus en plus exigeants. Ils savent comparer et surtout «benchmarker» les droits et les obligations du client. Déjà, pas mal de promesses n’ont pas été tenues, notamment en matière d’assurance et de coût. Toutes les banques butent aujourd’hui sur le modèle de l’assurance participative, le Takaful.
Du coup, les crédits ne sont pas assurés avec ce que cela implique comme risque de crédit, ou alors couverts par des assurances conventionnelles, assimilées à du «non-halal». Résultat, deux années après le lancement du process, le secteur n’a pu drainer plus de 1,6 MMDH de dépôts, l’équivalent des dépôts d’une seule succursale d’une grande banque marocaine !
En revanche, les crédits marchent plutôt bien, ce qui est normal, mais une question se pose. Comment a-t-on financé la différence entre dépôts et encours crédits? Car si cela est fait auprès de banques classiques, tout le sens de la finance «halal» est perdu. Les clients qui recourent à ces organismes souhaitent manipuler de l’argent «clean», l’intérêt même de ce mode de financement. Il y a donc des pièces qui manquent donc à ce puzzle financier, ce qui fait ressurgir le problème de confiance. S’agissant du coût, c’est un facteur qui n’arrange non plus les affaires de ces banques puisqu’elles sont à court d’arguments pour justifier le coût du «halal». Maintenant, Bank Al-Maghrib fait part de ses inquiétudes, mais sans aller jusqu’à dénoncer la fragilité et les risques que présentent les banques participatives !