La folie des grandeurs de la CDG
Jettou tape du poing sur la table en publiant le rapport d’audit de la situation globale de la Caisse de dépôt et de gestion. C’est une première. En effet, la CDG a toujours été sous les feux des projecteurs, notamment des médias mais n’a jamais été réellement secouée par une structure publique des plus puissantes et crédibles. Toutefois, il faudrait replacer cette sortie tonitruante dans son contexte. Les dysfonctionnements relevés par la Cour des comptes ne datent pas d’hier.
Placements dans des secteurs en difficulté, rachats d’entreprises en déclin, rémunération de l’argent des contribuables de la CNSS à des taux inférieurs à ceux du marché… la liste des défaillances de gestion est encore longue. Les médias en ont toujours parlé, au point de qualifier la CDG de boîte noire, sans pour autant être pris au sérieux. Nous en avons même parlé dans cet espace et avons subi la réaction démesurée de l’ancien directeur général, Anass Alami, qui a ordonné l’arrêt de l’octroi de la publicité de la CDG au journal.
Soit ! L’histoire nous donne raison ; c’est pourquoi nous n’allons pas reprocher à la Cour des comptes de mettre du temps à dévoiler au grand public la «folie des grandeurs» de cette institution qui gère les fonds des orphelins, veuves et autres contribuables. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. L’essentiel est de mettre à plat la gestion de la caisse durant les quinze dernières années et de corriger son mode de gestion.
Flash-back. Il y a dix ans lors d’une interview de Mustapha Bakkoury, alors patron de la CDG, j’ai demandé à celui-ci de m’expliquer pourquoi «sa» caisse avait racheté un «canard boiteux» à 220 MDH alors qu’il n’y avait pas d’explication économique à cet investissement. Il a préféré éteindre l’enregistreur et répondre en «off» ! Aujourd’hui, la reddition des comptes est constitutionnalisée, la Cour des comptes sort ses griffes et l’espoir est permis.