Indispensable rupture
Vous pouvez imaginer la meilleure stratégie sectorielle, sa mise en œuvre ne peut réussir en l’absence de certains préalables, notamment le contrôle et la reddition des comptes. Il y a quelques jours, nous évoquions, dans une enquête exclusive détaillée (www.LesEco.ma), les milliards dilapidés dans une réforme fictive de l’enseignement. Hier, nos confrères d’Assabah ont publié un scandale en rapport avec le programme «Rawaj 2020», l’argent dédié à ce projet ayant été dépensé dans des marchés fictifs entre 2008 et 2012. Non-respect des conditions d’octroi des marchés publics, surfacturation, non-livraison de marchés payés, qualité défectueuse des quelques produits remis aux bénéficiaires…Voilà un énième dossier de prévarication qui devrait naturellement atterrir sur le bureau du procureur pour ouverture d’enquête et prise des décisions idoines.
Nous entamons 2019 avec beaucoup d’espoirs, notamment celui de marquer une rupture avec l’impunité qui a caractérisé, ces dernières années, des affaires de détournement de fonds publics. Pour ce faire, la justice doit prendre au sérieux les rapports de la Cour des comptes qui constituent une bonne référence en matière d’évaluation de la gestion de la chose publique. En outre, les médias, considérés par les différents intervenants de la Justice, dans une récente conférence, comme un partenaire incontournable, doivent être motivés pour jeter la lumière sur les affaires relevées et publiées.
Ce ne serait donc pas un luxe de voir le parquet général se doter d’une véritable direction de la communication qui passe au crible les scandales publiés au quotidien par la presse nationale. Un premier pas dans l’effet de dissuasion avant de passer à l’investigation et, le cas échéant, à la sanction. La moralisation est l’affaire de tous ; encore faut-il que la volonté politique veuille bien amorcer un nouveau virage.
