Et les corrupteurs ?
On s’acharne sur les fonctionnaires quand il faut dénoncer la corruption et la gabegie, sans pour autant pousser la réflexion plus avant ni s’interroger sur l’origine de cette corruption. Certes, la loi sanctionne aussi bien le corrompu que le corrupteur, mais tout le monde (médias compris) se focalise trop sur ce fonctionnaire, de quelque échelle que ce soit, tout en ignorant royalement celui qui a «enclenché le processus». L’exemple le plus souvent cité, ayant trait aux marchés publics, est un cas d’école en la matière.
D’un côté, nous avons des fonctionnaires qui ne respectent pas les règles du jeu en privilégiant des adjudicataires au détriment des plus méritants.
De l’autre, nous avons des entrepreneurs du privé qui n’hésitent pas à mettre la main à la poche pour s’adjuger le marché, répercutant a posteriori le «coût» de la corruption. Si on veut sérieusement se lancer dans l’éradication de la corruption, il y a lieu de s’attaquer à la racine, mais aussi à son «point de sortie», le client. Et à ce niveau, la CGEM a un réel rôle à jouer en matière de sensibilisation à la bonne gouvernance. Cela se fait certes au niveau des commissions, mais il faudrait appuyer un peu plus sur le champignon et médiatiser davantage les actions en la matière car elles demeurent inaudibles. Et pourquoi ne pas aller jusqu’à expulser de ses rangs les membres pris la main dans le sac puisqu’une minorité plombe la réputation de la majorité ?
Le plus drôle dans cette histoire, c’est que lorsque les corrupteurs croisent le chemin de corrupteurs plus puissants, ils n’éprouvent aucune gêne à pleurnicher en dénonçant la corruption et l’inégalité des chances ! Bref, s’il est salutaire de protéger les dénonciateurs de cas de corruption, il est aussi important d’aller au fond de la problématique et de traiter de la même manière corrompus et corrupteurs afin de s’attaquer au mal à la racine.