Edito. Une stabilité sous tension
Si les indicateurs monétaires du mois d’octobre laissent entrevoir une stabilité bienvenue, avec une masse monétaire en croissance maîtrisée et des réserves officielles de change en légère hausse, la situation cache, toutefois, des tensions sous-jacentes qui appellent à la prudence.
Véritable baromètre de l’équilibre économique, la masse monétaire évolue dans une fourchette stable et convenable, à 6,7%, alimentée par une augmentation notable de la circulation fiduciaire. Cela témoigne d’une maîtrise de la liquidité par les autorités monétaires qui ont, cependant, du mal à freiner la décélération des dépôts à vue et la stagnation des comptes d’épargne.
Et pour cause, dans un contexte qui demeure incertain, tant les ménages que les entreprises optent visiblement pour une stratégie défensive. Ils préfèrent conserver leurs fonds dans des placements à court terme ou liquides. La situation se complexifie davantage à l’analyse des crédits bancaires du mois d’octobre, avec un ralentissement généralisé des financements, particulièrement ceux destinés aux entrepreneurs individuels (-10,6%). De quoi jeter de l’ombre sur la dynamique économique.
Et pour cause, cette catégorie, vivier de l’entrepreneuriat et de l’innovation, se retrouve freinée dans ses ambitions en raison de l’excès de prudence des banques qui, compte tenu de l’environnement économique incertain, limitent leur appétence au risque.
Dans ce sillage, le ralentissement des crédits à l’équipement, véritable baromètre des investissements, reflète également cette atonie, avec une progression réduite à 7,4%, contre 8,3% le mois précédent. Ce ne sont pas les faibles croissances des prêts immobiliers et à la consommation qui changent fondamentalement la donne.
D’autant plus que le poids des créances en souffrance dans le total des crédits reste préoccupant à 8,8%, en dépit d’une stabilisation de son évolution à 3,5% en octobre. La création récente du marché secondaire des impayés bancaires est de nature à contribuer à ne pas tomber dans un cercle vicieux de réduction de l’investissement, susceptible de conduire à un ralentissement de l’activité. Il est, dans ces conditions, plus qu’urgent de relancer le crédit, notamment au profit des PME et entrepreneurs. Mais attention, cela devra se faire dans un cadre équilibré, conciliant stimulation économique et maîtrise des risques.
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO