Édito. Trop tôt
Ce n’est toujours pas le moment ! Réputé pour ses qualités de prudence et de vigilance, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, est on ne peut plus clair quand à une nouvelle phase d’assouplissement du régime de change. Et pour cause, le régulateur bancaire, qui pilote la réforme, n’y sera pas favorable tant que le tissu économique national n’est pas encore prêt.
Selon lui, les conditions ne sont pas encore toutes réunies pour assurer un passage à la nouvelle phase de la réforme du régime de change flexible.
Il estime «essentielle» la confirmation des équilibres. Il entend par là «la soutenabilité budgétaire à moyen terme, un niveau adéquat de réserves de change, un système bancaire résilient et la capacité de la banque centrale à gérer à la fois les réserves de change et le ciblage de l’inflation». Et pourtant, les pressions s’accentuent pour franchir une troisième étape vers la flottaison totale de la monnaie nationale.
À commencer par le Fonds monétaire international qui pousse à accélérer les choses. Sauf que Jouahri n’est pas du genre à céder aisément à la pression. Il estime, au contraire, que le passage à la nouvelle phase d’un régime flexible ne peut s’opérer que lorsqu’il «sera convaincu que le tissu économique marocain est prêt».
En tout cas, sur le plan technique, le Maroc est bien avancé. Le pays a acquis, depuis 2018, une compréhension approfondie de ces mécanismes grâce au bon fonctionnement du marché interbancaire. Il n’empêche que la prochaine étape implique la formation des opérateurs, en particulier les petites et moyennes entreprises ainsi que les entrepreneurs individuels. Et c’est là que le bât blesse !
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO