Edito. Le pari de l’équilibre
Sur l’échiquier mondial des énergies renouvelables, le Maroc a déjà affirmé son leadership. À présent, le Royaume s’est tourné vers une nouvelle promesse, celle de l’hydrogène vert. Une voie prometteuse, mais non sans défis. Ressource souvent présentée comme le Graal des énergies décarbonées, l’hydrogène vert reste en effet une filière encore embryonnaire, aux enjeux techniques et économiques complexes.
Le Maroc possède, sans aucun doute, des atouts naturels indéniables et une position géographique idéale, le prédisposant à devenir un acteur clé de cette filière stratégique.
Cependant, le potentiel brut ne suffit pas. Pour que l’hydrogène vert devienne un pilier stratégique de la transition énergétique, il doit répondre à un impératif de compétitivité. Or, atteindre un coût de production de deux à trois centimes de dollar par kilowattheure, seuil nécessaire pour rivaliser avec d’autres sources d’énergie, demeure un défi de taille exigeant une approche réfléchie et pragmatique.
C’est précisément dans ce contexte que Leila Benali, ministre de la Transition énergétique, a récemment affirmé : « Produire, oui, mais produire intelligemment. » Une nouvelle doctrine énergétique se dessine donc pour privilégier la compétitivité et l’efficacité opérationnelle. Il ne s’agit ni d’un recul ni d’un renoncement, mais bien d’une maturation stratégique.
La vision est claire : pérenniser les avancées tout en faisant de l’hydrogène vert un moteur durable de croissance nationale.
Dans cette dynamique, si le rôle de l’État évolue vers celui de facilitateur, la réussite de cette transition repose aussi sur le secteur privé, appelé à assumer une part importante des risques financiers. Un partage des responsabilités essentiel pour garantir un équilibre durable entre ambition et réalisme.
Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO