Edito. Gisement sous-exploité
C’est une réalisation tout à fait inédite. La Bourse de Casablanca voit le chiffre d’affaires agrégé de ses pensionnaires franchir la barre symbolique des 300 milliards de dirhams en 2024. Il l’a même dépassée de 16 milliards, affichant ainsi une progression de 5,9% sur un an.
Plus qu’un simple indicateur conjoncturel, cette performance traduit une dynamique structurelle alimentée par la solidité des fondamentaux économiques, une stabilisation de l’inflation à 0,9% et une croissance économique de 3%. Mieux encore, le dernier trimestre a vu l’accélération de cette tendance, avec une croissance de 10,2%, confirmant le regain de confiance des investisseurs.
Si les bancaires s’imposent encore une fois comme les principaux moteurs de cette tendance, avec le bon comportement des grandes banques cotées, comme Attijariwafa bank (+15,2%) et BCP (+12,3%), qui ont bénéficié d’une augmentation des crédits et d’une amélioration des marges, d’autres industries, comme les infrastructures, les ports et la santé, sont également en pleine forme. Tout n’est, toutefois, pas au beau fixe, certains segments subissant des vents contraires. L’énergie affiche un recul de 5,2%, affectée par la baisse des prix des matières premières.
L’agroalimentaire, lui, peine à croître, confronté à une contraction de la consommation locale et à des conditions climatiques peu favorables. Ceci dit, l’optimisme est de mise pour cette année.
La Bourse de Casablanca doit maintenant transformer cette dynamique en trajectoire durable. Une prévision de croissance bénéficiaire de 16% pour les sociétés cotées témoigne d’un potentiel encore sous-exploité. Mais cette progression devra s’accompagner d’un écosystème plus résilient, d’une diversification sectorielle plus équilibrée et d’une vigilance accrue face aux risques exogènes. Car si l’embellie boursière se confirme, il faut coûte que coûte veiller à la pérennité de cette dynamique.
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO
