Edito. Espoir fragile
C’est une lueur d’espoir qu’ont apportée les premières pluies de la saison agricole 2024-2025 après six longues années de sécheresse. Si les régions du Nord et du Centre sont les mieux loties, bénéficiant d’une meilleure couverture végétale, ce début de campagne pluvieux est de bon augure pour les cultures automnales. Preuve en est, l’amélioration légère relevée au niveau du remplissage des barrages avec un taux de 29,30%, contre 24% à la même période de l’année dernière.
Les récentes averses, bien que disparates, vont revigorer une profession en quête de renouveau. De quoi relancer un secteur agricole durement éprouvé par un déficit hydrique drastique. Déficit hydrique dont le gouvernement a bien tenté d’atténuer les effets avec le lancement de la distribution de semences certifiées, la gestion de l’eau destinée à l’irrigation et le financement des petits exploitants.
De plus, l’objectif d’irriguer près de 700.000 hectares dans les grands et moyens périmètres témoigne davantage des efforts des autorités visant à assurer une campagne productive au même titre que l’ambition d’atteindre les cinq millions d’hectares de céréales d’automne. Ceci étant, l’optimisme reste fragile. Bien qu’encourageantes, ces première précipitations sont, semble-t-il, peu ou pas suffisantes pour combler des réserves d’eau qui demeurent historiquement basses, notamment dans des bassins comme le Souss Massa et Oum Rbia.
Pire, les barrages à usage agricole concentrent 70% de leurs retenues dans les bassins du Sebou et du Loukkos, laissant d’autres régions plus vulnérables. Ce déséquilibre met en lumière les disparités géographiques et les défis structurels auxquels le Maroc est confronté. C’est dire que le spectre d’une campagne marquée par l’insuffisance pluviométrique plane encore. Il ne faut donc pas crier victoire trop vite.
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO