Edito. Croissance sans emplois
Les prévisions du HCP pour le premier trimestre appellent à la retenue. Si la croissance prévue à 3,5% devrait être meilleure que celle du 4e trimestre, démontrant un léger regain de dynamisme, elle demeure insuffisante pour infléchir le taux de chômage, qui s’établit à 13,6%. Il est criant que l’économie marocaine peine à générer des opportunités suffisantes pour répondre aux besoins d’emplois, particulièrement des jeunes et dans les zones rurales.
Le tableau n’est pas seulement économique, il est également social. Plus de 80% des ménages rapportent une dégradation de leur niveau de vie, et l’écrasante majorité d’entre eux s’attend à une poursuite de la hausse des prix alimentaires.
L’inflation demeure, malgré son reflux, une menace insidieuse qui érode chaque jour un peu plus le pouvoir d’achat. Aujourd’hui, le principal défi réside dans le fossé entre les investissements massifs et leur impact réel. Les chantiers d’infrastructure et les grands projets structurants sont, certes, essentiels, mais leurs retombées sur l’emploi ne se concrétisent pas toujours, voire jamais. La conjoncture internationale complique, de son côté, davantage la donne.
Avec l’Europe, notre principal partenaire économique, qui est en crise, les perspectives d’exportation et de rentrées de devises s’assombrissent. On pourra toujours compter sur la diaspora marocaine pour renflouer les réserves de changes même s’il en faudra davantage pour combler le déficit qui se profile.
De plus, les projections de la Loi de finances 2025, qui tablent sur une croissance de 4,6% en 2025, ont beau être ambitieuses, elles sont susceptibles d’être contrariées par les risques climatiques et géopolitiques. Il est donc grand temps de repenser les priorités. La croissance n’a de sens que si elle crée des emplois durables !
Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO
