Délais de paiement: Dramatique !
EDITO. Ça craint ! À en croire la dernière fournée de chiffres livrée par le cabinet Inforisk, les délais de paiement chez les entreprises se sont rallongés, depuis l’avènement de la pandémie de la Covid-19 en mars dernier, pour atteindre une moyenne de 60 jours. Une donnée dont nos opérateurs économiques se seraient bien passés en cette période de crise. En effet, c’est là une autre bataille que les entreprises ont à mener au quotidien, en plus d’être tiraillées entre la baisse des commandes, la couverture des charges fixes, la budgétisation des dépenses exceptionnelles et la nécessité absolue de négocier de nouveaux marchés, même en ces temps de disette… On ne réinventera pas les bases du business : quand le chiffre d’affaires se réduit comme peau de chagrin et que le recouvrement piétine, l’entreprise est bel et bien dans l’impasse.
Le pire est que les pronostics établis par les mêmes analystes d’Inforisk nous préviennent que, d’ici la fin de l’année, les défaillances pourraient s’accentuer significativement, avec une augmentation prévue de 15% sur 2020 et de 25% au premier trimestre de la prochaine année. Dramatique ! Parallèlement, le ministère des Finances annonçait, il y a quelques jours, une contraction des délais de paiement déclarés par les Établissements et entreprises publics (EEP). Ceux-ci ont atteint une moyenne de 38,02 jours à fin août dernier, contre 40,5 jours un mois plus tôt et 42 jours à fin décembre 2019. Cette amélioration des délais chez les EEP, qui ont longtemps été la bête noire des TPME prestataires et des fournisseurs, nous en connaissons tous l’origine. Elle est le fruit du tour de vis «serré» par l’État, afin que ces organismes rendent publics leurs scores en la matière et qu’ils s’engagent à les améliorer, sous peine d’être sanctionnés.
La donne semble donc bien en train de changer, puisqu’il paraît aujourd’hui plus intéressant de faire des affaires avec le public. «Encore faut-il que les marchés de l’Etat abondent et que l’on puisse y accéder de manière fluide», dira-t-on. Un bon filon, même s’il aurait mieux valu de voir déployée la même fermeté sur les délais de paiement du côté du secteur privé.
Meriem Allam / Les Inspirations Éco