Casino royal
L’affaire Casino Saadi à Marrakech continue de défrayer les chroniques judiciaires. Et pour cause, elle représente un lot de dépassements procéduraux mais aussi d’ordre éthique. C’est une affaire qui dure depuis une décennie, depuis cette fameuse affaire de corruption d’élus «marrakchis» qui ont cédé un terrain mitoyen à l’hôtel Saadi pour en faire un casino. C’est le prix de cession qui a provoqué une levée de boucliers de la société civile puisque le Conseil de ville a cédé ledit lot à 500 DH/m² au lieu d’au moins 20.000 DH, soit 40 fois moins que la valeur réelle et plusieurs milliards de moins-values. Le problème, c’est que ce procès serait l’objet de pressions de la part, notamment, de partis politiques dont des personnalités influentes qui sont impliquées.
De report en report et d’ajournement en ajournement, les ONG perdent patience et crient au scandale en avançant que le principe de reddition des comptes est piétiné dans cette affaire. Le verdict devait déjà être annoncé en juillet 2017 mais depuis les séances sont renvoyées à chaque fois à deux ou à trois mois et l’on s’achemine vers un énième report, ce qui vide ce procès de tout son sens. D’où la montée en puissance de l’association de défense des deniers publics qui réclame ni plus ni moins que l’intervention de Mustapha Faris, président de la haute autorité judiciaire, pour changer de président de séance et ses conseillers pour «incompétence ».
L’affaire prend donc une dimension extra-judiciaire, entre société civile et médias et l’on pourrait voir le bout de tunnel avec cette levée de boucliers. L’enseignement que l’on peut tirer de ce dossier, c’est que la justice continuera à dépendre du pouvoir d’appréciation du seul juge en dépit de son indépendance, comme un arbitre dans un match de football mais quand il s’agit d’une affaire d’opinion publique, il y a lieu de savoir au moins communiquer et surtout prendre la bonne décision au moment opportun.