Maroc

Viande rouge importée : à quand une vraie baisse sur le steak ?

Pour tenter de maintenir la stabilité du marché des viandes rouges, les autorités ont adopté un certain nombre de mesures dont la principale consiste à importer de la viande fraîche prête à la consommation. Une décision qui semble porter ses fruits, puisque selon des professionnels, un léger recul des prix a été observé sur le marché. Et si ces produits connaissent une forte demande, la pression sur les prix s’atténuera forcément. Quant à la qualité, les opérateurs rassurent.

Face à une situation devenue périlleuse pour le pouvoir d’achat, une intervention urgente a été réclamée de toutes parts afin de pouvoir juguler l’envolée des prix des viandes rouges. En effet, durant le mois d’octobre, une réunion s’est tenue avec l’ancien ministre de l’Agriculture, Mohamed Saddiki, et l’ensemble des opérateurs des différentes filières agricoles, dont celle de la viande rouge.

À l’issue de cette rencontre, de grandes décisions ont été prises. Parmi elles, l’autorisation d’importation de viande rouge prête à la consommation afin d’alléger la pression sur la production locale, laquelle n’a pas été épargnée par les affres de la sécheresse qui continue de sévir. Les importations ne devaient alors être autorisées qu’auprès des marchés avec lesquels le Maroc dispose d’une convention sanitaire, afin de garantir une viande de qualité.

Premiers effets
Pour stabiliser le marché, l’Exécutif a décidé d’alléger les importateurs du fardeau des droits de douane à l’importation ainsi que de la TVA, qui sera prise en charge par le budget de l’État, jusqu’au 31 décembre. Cela se répercute systématiquement sur les prix de vente au détail. À noter qu’à l’annonce de cette décision, le Maroc a d’ores et déjà reçu des cargaisons de viande rouge fraîche (réfrigérée).

Selon nos informations, les viandes importées proviennent, pour l’heure, d’Espagne. Quant à leurs prix de vente, il est de 80 dirhams le kilo pour la viande bovine et de 85 dirhams pour la viande ovine, contre 110 à 120 DH pour la viande locale, ce qui représente une différence de prix de plus de 30 %, ou encore l’équivalent d’un demi-kilo.

Selon certains professionnels, cette mesure pourrait soulager relativement le panier de la ménagère, surtout que la crise inflationniste a modifié les modes de consommation des Marocains, qui ont réduit drastiquement les quantités de viande consommées. Par ailleurs, les professionnels dégagent un optimisme quant aux effets positifs qui commencent déjà à se faire sentir.

En effet, selon des opérateurs, un léger recul a été constaté. Les prix au marché de gros auraient reculé de 5 dirhams le kilo. Sur le vif, une baisse de 1.000 à 2.000 DH par tête est également observée.  Cette pression sur la demande, qui commence à se relâcher, pourrait avoir un fort impact dans le cas où les consommateurs deviennent de plus en plus demandeurs.

Cependant, une chose est sûre : pour une certaine catégorie, ce prix reste attractif. D’ailleurs, l’attractivité pour la viande importée pourrait être déterminante quant à la stabilisation du marché. À en croire des spécialistes, le comportement du consommateur serait décisif.

La qualité et la sécurité priment
Dans ce sens, le gouvernement ne badine pas avec la qualité et la sécurité. Un système de contrôle rigoureux a été mis en place par l’ Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA). Conçu pour préserver la santé publique, ce cadre s’applique à toutes les viandes importées, qu’elles soient fraîches ou congelées, et privilégie le respect des normes nationales et internationales. Le processus de l’ONSSA commence bien avant que la viande n’atteigne les frontières. Seuls les pays ayant passé avec succès une évaluation approfondie des risques par les experts de l’ONSSA sont autorisés à exporter la viande rouge vers le Maroc. Cette évaluation porte sur les conditions sanitaires des abattoirs et la compétence des inspecteurs vétérinaires des pays exportateurs. Une fois la viande arrivée à bon port, elle est soumise à des contrôles frontaliers approfondis. L’ONSSA veille à ce que toutes les expéditions soient accompagnées de certificats sanitaires valides délivrés par les autorités compétentes du pays d’origine. Un autre aspect essentiel de la surveillance exercée par l’ONSSA consiste à vérifier que toutes les viandes importées respectent les normes d’abattage islamiques. Des certifications émanant d’organismes religieux autorisés dans les pays exportateurs sont exigées pour confirmer la conformité.

En outre, des échantillons sont prélevés pour être analysés en laboratoire afin de détecter toute trace de contaminants chimiques ou de résidus de médicaments vétérinaires, ce qui garantit encore davantage la sécurité de la viande pour les consommateurs. En mettant en œuvre ce système méticuleux, le Maroc s’assure que la viande importée répond aux normes de sécurité et de qualité les plus strictes.

Certes, les mesures instaurées ont été prises dans l’urgence pour gérer une situation de crise, mais il est prévu de poursuivre cette lancée et de subventionner l’aliment de bétail dont les prix ont fortement grimpé. Dans la même perspective, la reconstitution du cheptel demeure une priorité. Des mesures sont d’ailleurs envisagées. Pour certains professionnels, il s’avère judicieux de créer des ateliers d’engraissement à l’instar d’autres pays non producteurs, comme l’Italie. Actionner les contrats d’agrégation pour mieux maîtriser la chaîne de valeur est également de mise.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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