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Verdissement du secteur bancaire : IFC totalement engagée

La Société financière internationale (IFC) est pleinement engagée dans le verdissement du secteur bancaire marocain. Elle apporte son soutien à la transition vers une économie verte du marché financier et des banques au cours des sept dernières années. Cheick-Oumar Sylla, directeur régional pour l’Afrique du Nord et la Corne de l’Afrique de l’IFC, revient sur les actions menées par le bras financier du groupe Banque mondiale pour le secteur privé en vue de mobiliser des financements pour les projets d’atténuation et d’adaptation au climat.

Cheick-Oumar Sylla confesse volontiers que la part du portefeuille d’intervention d’IFC au Maroc dans le secteur financier est plus faible que dans d’autres pays de la région qu’il dirige, à savoir en Afrique du Nord et dans la Corne de l’Afrique. Il avance une raison simple à cela. «Le secteur bancaire marocain est très performant et liquide», soutient-il.

Ce n’est pas pour autant que la branche armée du groupe Banque mondiale pour le privé compte s’arrêter à ce niveau.

«Nous sommes en train de voir comment faire pour améliorer davantage l’accès des PME au financement bancaire», indique le directeur régional de l’IFC.

Par ailleurs, il estime que le fait que les banques marocaines exportent leur savoir-faire hors des frontières est signe de leur qualité financière. Au point qu’aujourd’hui, ces groupes bancaires sont à la pointe des innovations dans le continent, en particulier à travers le financement vert.

Casablanca Finance City projette même de devenir le catalyseur de la finance verte du continent. IFC fait d’ailleurs partie, selon le directeur régional, des institutions qui ont contribué à verdir le secteur bancaire marocain. Et de reconnaître que «le Maroc progresse dans la réglementation et l’environnement propice aux financements climatiques, au point de réaliser une amélioration considérable dans le verdissement de son secteur bancaire». Il en veut pour preuve la publication, en 2021, par Bank Al-Maghrib d’une directive réglementaire couvrant la gestion des risques financiers liés au climat et à l’environnement pour les banques.

Ce qui lui fait dire que «le cadre de la finance durable du Maroc, qui est mis en œuvre depuis plusieurs années, dispose d’une série d’outils pratiques, notamment des lignes directrices, des modèles de rapports, des formations et des programmes de renforcement des capacités». D’ailleurs, il assure que les institutions financières ont commencé à rendre compte de la mise en œuvre de la finance durable conformément aux modèles de rapports.

Recommandations de l’IFC
Ceci étant, il reste encore du chemin à parcourir. «Nous estimons qu’il est essentiel de mobiliser des financements pour les projets d’atténuation et d’adaptation au climat afin d’atteindre les objectifs du Maroc en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et protéger le pays des effets du changement climatique», affirme le directeur régional. C’est dans ce sens qu’il juge que «le secteur bancaire marocain peut jouer un rôle crucial dans le financement de la transition du pays vers un avenir durable et à faible émission de carbone», et ce, à la condition que les banques intègrent les financements et les risques climatiques dans leurs stratégies.

Et pour cause, Cheick-Oumar Sylla confirme que les catastrophes naturelles peuvent endommager les biens, les actifs des entreprises et la richesse des ménages. IFC a, à de titre, soutenu la transition vers une économie verte du marché financier et du secteur bancaire au cours des sept dernières années. La dernière opération en date est le partenariat signé en octobre 2023 avec Attijariwafa bank pour soutenir ses efforts visant à renforcer sa gestion des risques climatiques.

«Cette initiative permettra à Attijariwafa bank de se doter d’un dispositif de gestion des risques climatiques robuste en accord avec les meilleures pratiques internationales et d’augmenter sa résilience face aux défis climatiques», rappelle le directeur régional.

Il évoque également l’accord avec la Banque Populaire du Maroc (BCP), conclu en mai 2023, pour l’aider à mieux gérer les risques climatiques conformément aux pratiques internationales. Compte tenu des objectifs visant à améliorer l’efficacité énergétique dans le secteur industriel, de 17% d’ici 2030, Cheick-Oumar Sylla est également convaincu que le secteur industriel présente des opportunités pour le secteur bancaire. Les marchés à prendre sont principalement dans le remplacement de l’utilisation des combustibles fossiles par des alternatives telles que la biomasse et les énergies renouvelables. L’agriculture recèle aussi du potentiel pour les banques.

Pour prévenir l’érosion des sols et maintenir la couverture végétale, l’augmentation des plantations d’oliviers, d’agrumes et de palmiers-dattiers sera nécessaire. Pour le directeur régional d’IFC, la construction durable est un autre domaine d’opportunité tant le Maroc présente un potentiel dans les projets de construction verte, principalement stimulés par le secteur privé. Même chose pour les secteurs des déchets, des transports et de l’eau qui offrent des possibilités pour le secteur bancaire de financer des projets et des initiatives climatiques.

L’apport d’IFC

Grâce à des initiatives à la fois au niveau du marché et des entreprises, IFC a soutenu le renforcement du marché privé du financement climatique au Maroc. Elle a ainsi apporté son soutien aux banques dans le développement et la commercialisation de produits de prêt pour les énergies durables, y compris l’émission d’obligations vertes.

Plus globalement, IFC a contribué à l’élaboration de cadres et de lignes directrices nécessaires pour permettre aux acteurs clés d’utiliser des solutions financières innovantes pour le financement de projets climatiques. Elle a ainsi fourni son appui à l’AMMC dans l’établissement de dispositions réglementaires visant à favoriser un marché des capitaux durable et dans la publication, en 2016, d’un guide pour les investisseurs relatif aux obligations vertes et durables..

Maryem Ouazzani & Sanae Raqui & Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO



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