Transport routier : une nécessite de durcir les critères d’accès à la profession
Près de la moitié des entreprises opérant dans le secteur du transport ne répondent pas aux critères d’éligibilité, cause d’une concurrence déloyale qui plombe le secteur. Et les professionnels du secteur fondent bien des espoirs sur la réunion prévue le 6 décembre prochain avec le département de tutelle.
Tout porte à croire que le secteur du transport et de la logistique est sur le point d’entamer une mue, bien qu’il soit le grand oublié du projet de loi de Finances. En effet, dans la note de présentation qui relate toutes les stratégies sectorielles, le secteur de la logistique n’y figure pas.
Un dynamisme s’opère
C’est suite à l’annonce d’une grève le 21 novembre par certaines associations professionnelles qu’une rencontre s’est tenue, le 17 novembre dernier, avec les différentes parties prenantes. Et l’indexation sur les prix du gasoil a constitué la principale revendication, bien que les professionnels du secteur du transport, en l’occurrence routier, aient toujours réclamé l’instauration de ce système. En bon entendeur, le ministère de tutelle s’est bousculé au portillon pour instaurer un dialogue dans l’objectif de trouver des solutions aux multiples problématiques du secteur dont l’indexation.
A cet effet, un projet de loi y afférent est d’ores et déjà sur la table du Secrétariat général du gouvernement pour validation. Une avancée encensée par les professionnels du secteur du transport routier international (TIR). «Il est temps d’introduire l’indexation sur les prix du carburant car l’État n’a pas à subventionner la charge du transport, c’est plutôt au client final de la supporter, qui dans le cas du TIR est le client étranger. En fait, la marge du transporteur doit rester la même, peu importe les fluctuations des prix du carburant, car in fine cette subvention profite plus aux clients qu’aux professionnels», martèle Amer Zghinou, président de l’Association marocaine des transporteurs internationaux (AMTRI).
Autre signe de bon dynamisme, le département de tutelle vient d’émettre un appel d’offres pour la réalisation d’une enquête dans le but d’actualiser les coûts de référence basés sur le coût de revient pour le transport routier de marchandises, pour un budget de 1,26 million de dirhams. Il s’agit là aussi d’une proposition que les associations professionnelles ont formulé lors de la rencontre avec le ministre Mohamed Abdeljalil.
Des pourparlers dans le pipe
Dans la même optique de développement du secteur du transport et de la logistique, qui demeure le socle de l’économie nationale, une réunion est prévue le 6 décembre prochain avec le Secrétaire général du ministère du Transport et de la logistique, l’AMTRI et la Fédération du transport et de la logistique de la CGEM. «Il s’agit d’une réunion préparatoire pour présenter les différentes propositions que nous avons pris le soin de préparer minutieusement avec l’aide d’expert-comptables et de juristes pour apporter des arguments et des solutions chiffrés et concrets, notamment en ce qui concerne la structuration du secteur qui reste un élément crucial pour la profession», précise Mourad Erraguragui, vice-président de l’AMTRI. En effet, les professionnels du secteur s’accordent à dire que l’accès à la profession demeure problématique.
Preuve en est, les dernières statistiques du département de tutelle qui annoncent que sur 77.500 entreprises opérant dans le secteur, 35.000 d’entre elles ne disposent pas de camions. Or, il s’agit d’une condition sine qua non pour prétendre avoir l’autorisation d’exercer. Et pour y mettre un terme, il s’avère impératif de remplir certaines conditions. Selon les transporteurs, il est indispensable d’avoir une honorabilité professionnelle, une capacité professionnelle et financière. «La restructuration du secteur permet de contrer la concurrence déloyale subie par des entreprises structurées.
Je pense qu’il est primordial d’instaurer un système de radiation si le commissionnaire au bout d’un certain temps tire le secteur vers le bas, car il faut signaler que bon nombre de commissionnaires de transport soumettent à la profession en présentant une facture proforma de camions juste pour bénéficier du code, alors qu’opérer dans le secteur du transport exige la détention de camion», souligne Amer Zghinou. Ainsi, les critères d’accès au métier seront les principaux axes à débattre lors de la réunion préparatoire, en attendant de rencontrer le ministre début janvier 2023.
D’autres sujets seront abordés, tels que la taxe sur les entrepôts. Quoi qu’il en soit, les professionnels du transport routier se réjouissent des initiatives entreprises par le ministère et restent optimistes quant à la restructuration du secteur. Reste à passer à la concrétisation.
Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO