Maroc

Transition énergétique : le Maroc renforce son autonomie énergétique

Face à l’urgence climatique, le Maroc avance sur une ligne de crête. Des progrès notables dans les énergies renouvelables, des ambitions affirmées pour l’hydrogène vert, mais des défis persistants liés au financement et à l’intégration des technologies.

Face aux dérèglements climatiques, la transition énergétique est devenue un impératif. Dans ce contexte, le Maroc, souvent cité en exemple parmi les nations émergentes, affiche des ambitions significatives visant à faire des énergies renouvelables le socle de son développement énergétique. Une stratégie qui soulève des questions sur les avancées concrètes réalisées et les défis à venir.

Un mix énergétique en mutation
A en croire les derniers chiffres de l’Autorité nationale de régulation de l’électricité (ANRE), le Maroc a enregistré en 2023 une production nationale d’électricité de 42,38 térawattheures (TWh), marquant une augmentation de 2,3% par rapport à une année auparavant. Une avancée traduit l’efficacité des politiques publiques visant à répondre à une demande croissante, qui a atteint 43,95 TWh (+4%), avec près de 96% de la demande couverte par la production nationale.

Cependant, la domination des centrales à charbon, responsables de 64% de l’électricité produite, rappelle les défis persistants en matière de transition énergétique. Malgré cette prédominance, la production à base de charbon a enregistré une baisse de 6,6% en 2023, ce qui traduit un déplacement progressif vers des sources d’énergie plus durables.

En parallèle, les énergies renouvelables représentent environ 40% de la capacité électrique installée, un chiffre en progression qui se rapproche des objectifs du mix fixées à 52% pour 2030. Avec une capacité totale dépassant légèrement les 11.000 MW, le mix énergétique reste dominé par les énergies thermiques (charbon et gaz naturel), qui continuent de peser lourdement sur la facture énergétique.

L’essor des énergies renouvelables
Le développement des énergies renouvelables constitue le pivot de la stratégie énergétique nationale. En 2023, la capacité installée a atteint 4.618 MW, en hausse de 11,2% par rapport à 2022. Ces énergies représentent 40,4% de la capacité électrique totale et 21,7% de la production nationale, grâce à des investissements stratégiques dans les infrastructures solaires, éoliennes et hydrauliques.

Avec une capacité installée atteignant 2.017 MW en 2024, l’éolien contribue désormais à hauteur de 15,4% au mix énergétique national, représentant 43,7% des énergies renouvelables. Si des succès techniques et économiques, à l’instar des parcs de Tarfaya et de Boujdour, illustrent son potentiel, le rythme de croissance ralentit.

En dépit d’une progression annuelle de production de 23,2%, les investissements dans de nouvelles capacités peinent à décoller. Le cadre réglementaire, bien qu’attrayant sur le papier, bute sur des lenteurs administratives et des difficultés d’intégration au réseau électrique.

Pourtant, le potentiel reste immense, notamment dans des zones stratégiques comme le détroit de Gibraltar et les plaines du sud, où les ressources éoliennes figurent parmi les plus compétitives au monde. Mais c’est sous le soleil éclatant d’Ouarzazate, où trône le complexe Noor, que le Maroc affiche sa plus belle vitrine solaire.

En 2024, avec une capacité installée atteignant 831 MW, le solaire représente 7,3% de la capacité énergétique nationale et 5% de la production électrique. Des projets d’envergure, comme Noor Midelt, combinant solaire concentré (CSP) et photovoltaïque, incarnent l’ambition du plan solaire national.

Cependant, malgré ces avancées, la croissance du secteur reste freinée par des coûts encore élevés pour certaines technologies et un accès limité au financement privé. Cependant, dans un pays confronté à un stress hydrique croissant et où la gestion des ressources devient critique, les infrastructures comme les systèmes de transfert d’énergie par pompage (STEP) émergent comme des solutions essentielles pour stabiliser le réseau et accompagner l’essor des énergies renouvelables.

Hydrogène vert, un pari d’avenir
L’année 2024 marque également une étape importante dans l’intégration de l’hydrogène vert au sein de la stratégie nationale. Avec l’ambition de devenir un hub régional, le Maroc mise sur son potentiel renouvelable pour produire un hydrogène décarboné destiné à l’exportation et aux industries locales.

Cet engagement se traduit par des partenariats stratégiques, comme celui entre OCP et Engie, visant à développer des infrastructures de production d’hydrogène vert et des projets d’énergie bas carbone. Le potentiel annoncé atteint 2 GW d’ici 2027 et pourrait tripler d’ici 2032.

Par ailleurs, TotalEnergies projette d’implanter, près de Chbika dans la région de Guelmim-Oued Noun, une usine capable de transformer l’hydrogène vert en 200.000 tonnes d’ammoniac vert chaque année, à destination du marché européen.

Ce projet, nécessitant un investissement de 2 milliards d’euros, illustre les ambitions du Maroc de s’imposer comme un acteur clé sur ce marché en pleine éclosion.

Un laboratoire à ciel ouvert
Si le Maroc peut se targuer de ses avancées, il reste confronté à des défis de taille. L’accès au financement, l’intégration des énergies intermittentes au réseau et la montée en puissance des capacités locales de production industrielle sont autant d’obstacles à surmonter.

L’électrification des usages, notamment dans le transport et l’industrie, demeure encore à ses balbutiements, tout comme la dépendance aux énergies fossiles, notamment le charbon. Dans cette transition, le Maroc s’impose comme un laboratoire à ciel ouvert, qui, malgré des ressources limitées, a su placer les renouvelables au cœur de sa politique énergétique.

L’hydrogène vert, pari stratégique

Le Maroc entend jouer un rôle central dans la transition énergétique mondiale grâce à l’hydrogène vert, présenté comme une solution d’avenir. Avec une capacité de production projetée à plus de neuf millions de tonnes par an d’ici 2050, dont sept millions pourraient être destinées à l’export, le Royaume vise à capter 4% de la demande mondiale dès 2030.

Ce marché, estimé à plus de 13 milliards de dollars, s’appuie sur des atouts naturels exceptionnels, notamment le soleil et le vent. Pour concrétiser ces perspectives, le gouvernement met en avant des initiatives structurantes.

À la 4e édition du Power to X, tenue en octobre dernier à Marrakech, le ministre Younes Sekkouri a annoncé la création de 30.000 emplois dans la filière hydrogène, incluant l’industrie, la décarbonation et la mobilité électrique. Cela dit, la formation de compétences qualifiées et le développement d’infrastructures restent des priorités pour faire de l’hydrogène vert un levier de transformation économique.

Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO



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