Tourisme : les ambitions marocaines saluées par l’ONU
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La visite de Zurab Pololikashvili, Secrétaire général de l’ONU Tourisme, a mis en lumière l’essor du Maroc comme hub régional pour les investissements touristiques. Avec un cadre fiscal attractif et une stratégie nationale ambitieuse, le Royaume confirme son potentiel de croissance, tout en s’affirmant comme une destination incontournable pour les investisseurs.
Le Maroc franchit une nouvelle étape dans sa stratégie touristique. Porté par une vision royale ambitieuse et des efforts soutenus pour diversifier son économie, le Royaume attire chaque année davantage d’investissements directs étrangers (IDE). Lors de la visite officielle de Zurab Pololikashvili, le rapport élaboré par l’ONU Tourisme a salué les performances du Royaume, soulignant l’impact significatif du secteur sur l’économie nationale.
«L’économie marocaine incarne un modèle de croissance stable, renforcé par un secteur touristique florissant qui joue un rôle pivot dans la diversification économique», a déclaré le Secrétaire général. Mais au-delà des chiffres, c’est l’environnement favorable aux investissements étrangers et les réformes structurelles qui positionnent le pays comme un modèle de croissance dans la région.
Un pilier de l’économie du royaume
Selon le rapport de l’ONU Tourisme, le tourisme contribue en moyenne à 8,1% du PIB marocain depuis une décennie. En 2023, le Royaume a accueilli 14,5 millions de visiteurs, générant des recettes record de 10,5 milliards de dollars (en hausse de 12% par rapport à 2019).
Imad Barrakad, président de la SMIT, explique que «la nouvelle feuille de route touristique pour 2023-2026 vise à positionner le Maroc parmi les premières destinations mondiales, tout en renforçant sa contribution à l’économie et à l’emploi».
Parallèlement, Zurab Pololikashvili a souligné que le tourisme marocain est «un exemple d’innovation et de diversification», soutenu par une infrastructure de premier ordre et une stratégie orientée vers la croissance durable. Cette diversification est renforcée par des secteurs comme l’automobile et l’aéronautique, qui complètent l’offre touristique et contribuent à l’attractivité du pays.
L’investissement au cœur de la stratégie nationale
Le Maroc s’impose comme un pôle d’investissement régional grâce à des réformes structurelles et une politique proactive. Depuis 2007, le secteur du tourisme a attiré en moyenne 355 millions de dollars d’investissements directs étrangers (IDE) par an, soit 9,1% des IDE totaux du pays. En 2023, les IDE dans le secteur ont atteint 216 millions de dollars, avec une hausse progressive depuis la période post-pandémie.
Selon le rapport, plusieurs projets clés présentent un potentiel élevé pour les investisseurs, à savoir le développement de stations balnéaires à Saïdia et Taghazout, la valorisation des sites culturels à Fès et Marrakech, et l’aménagement de nouvelles infrastructures écologiques dans le Haut-Atlas.
À ces projets s’ajoute le renforcement des capacités d’accueil dans les hubs stratégiques comme Casablanca et Tanger, où des acteurs majeurs comme Accor et Hilton sont déjà impliqués.
Le rapport de l’ONU Tourisme met en évidence que l’organisation prochaine de la Coupe du monde 2030 représente une opportunité stratégique pour attirer de nouveaux investisseurs.
«Les préparatifs de cet événement comprennent des infrastructures de pointe qui consolideront la position du Maroc comme catalyseur d’investissements multisectoriels», affirme Karim Zidane, ministre délégué en charge de l’investissement.
Les principaux investisseurs dans le tourisme marocain
Entre 2010 et 2022, des entreprises internationales ont massivement investi dans le tourisme marocain, injectant près de 5,4 milliards de dollars dans des projets stratégiques. Accor, à travers sa filiale marocaine RISMA, domine le secteur avec plus de 40 hôtels et 8.000 chambres, répartis sur tout le territoire.
D’autres groupes, comme Barceló ou Iberostar, ont également contribué au développement de l’hôtellerie de luxe, notamment à Marrakech, Casablanca et Agadir, avec des investissements conjoints estimés à 600 millions de dollars sur la dernière décennie.
En termes de volumes financiers, la France est le premier pays investisseur (20,6 milliards de dollars accumulés), suivie par les Émirats arabes unis (13,6 milliards) et les États-Unis (2,8 milliards). Elcia Grandcourt, directrice régionale pour l’Afrique à l’ONU Tourisme, souligne que «l’attractivité du Maroc repose sur sa stabilité politique, son infrastructure moderne et son soutien constant aux investisseurs».
Fiscalité et incitations, des leviers d’attractivité
La Charte de l’investissement adoptée en 2023 offre un cadre fiscal compétitif. Les investisseurs peuvent bénéficier de subventions allant jusqu’à 30% de leurs dépenses en capital, ainsi que d’allègements fiscaux prolongés. Le rapport précise que ces incitations s’accompagnent d’un impôt sur les sociétés réduit à 20 % pour les entreprises nouvellement installées dans les zones prioritaires.
De plus, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est exonérée sur les équipements importés pour les projets touristiques durant les trois premières années.
Ces mesures ont permis l’émergence de nouvelles destinations comme Saïdia et Taghazout, tout en renforçant des hubs historiques comme Marrakech et Tanger. «Ces incitations ont créé un environnement propice à l’éclosion de projets innovants et durables», résume Imad Barrakad.
Une stratégie à affiner
Malgré ces progrès, le secteur touristique marocain doit encore relever plusieurs défis. En 2023, les IDE dans le tourisme (216 millions USD) restaient en deçà de leur moyenne historique. Pour maintenir son attractivité, le Maroc devra continuer à développer des offres diversifiées et à cibler de nouveaux marchés, notamment en Asie. Enfin, la transition vers un tourisme durable constitue une priorité.
Avec une énergie renouvelable représentant déjà 40 % de sa production électrique, le Maroc s’engage à renforcer son positionnement écoresponsable.
Le Maroc, à travers des initiatives ambitieuses et un environnement d’affaires attrayant, s’impose comme un acteur majeur du tourisme mondial. La mobilisation d’investissements étrangers et les réformes engagées traduisent une vision royale qui aspire à faire du tourisme un levier durable de développement économique et social.
Karim Zidane
Ministre délégué auprès du chef du gouvernement, chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des Politiques publiques
Les principaux piliers qui soulignent le statut du Maroc en tant que pôle régional et destination d’investissement attrayante comprennent son environnement politique stable, guidé par une vision royale à long terme, ses infrastructures de premier ordre et ses efforts continus pour améliorer l’environnement des affaires (…) Notre engagement reste ferme dans la poursuite de la mise en œuvre de réformes stratégiques visant à libérer tout le potentiel de l’investissement privé, facilitant ainsi les démarches pour les entreprises.
Zourab Pololikashvili
Secrétaire général de l’ONU pour le tourisme
«Au cours de la dernière décennie, l’économie marocaine a enregistré un taux de croissance moyen de 2,5%, l’un des plus forts de toute l’Afrique. À l’instar d’autres réussites économiques mondiales similaires, le Royaume a mis en œuvre des politiques budgétaires et monétaires prudentes, s’appuyant sur les fondations fournies par un environnement politique stable. Parallèlement à cela, des initiatives stratégiques ont été mises en place pour diversifier l’économie en s’éloignant des secteurs conventionnels, comme l’agriculture, et en se tournant vers des industries dynamiques, avec le tourisme au premier plan.»
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO