Tissu économique: Comment le gouvernement Akhannouch va encourager les femmes
Des franges importantes de la population, notamment les femmes, enregistrent une faible participation dans le marché de l’emploi. Des inégalités entretenues par le manque de mesures incitatives et d’une politique en faveur de l’emploi de la femme.
Parmi les priorités du programme gouvernemental, la création de l’emploi. Le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch ambitionne de créer 1 million de postes durant son quinquennat. Pour cela, il compte encourager la femme à reprendre sa place dans le tissu économique. En effet, il prévoit d’augmenter le taux d’activité des femmes de 10 points à l’horizon 2026. Elles passeraient ainsi de 20% de femmes actives, actuellement, à 30%. Un plan ambitieux et urgent puisque le Maroc figure parmi les mauvais élèves en termes de participation de la femme au marché du travail. Il enregistre l’un des plus faibles taux dans le monde. Sur les cinq dernières années, ce taux n’a jamais dépassé les 25%.
Pour y parvenir, l’Exécutif s’engage, ainsi, à mettre en œuvre une politique volontariste de soutien à l’activité économique des femmes. Cette dernière consiste à financer le programme de développement de l’offre nationale de crèches et de stimuler la mobilité professionnelle, afin de servir les femmes actives ou souhaitent exercer une activité professionnelle. Elle sera accompagnée par l’élaboration d’un cahier de charges et de contrôle de la qualité des espaces d’accueil d’enfants. Le gouvernement se penchera aussi sur la mise en place d’un plan spécifique de soutien à leur activité économique et de lutte contre la vulnérabilité. Ce plan prendra en compte la diversité des situations individuelles et familiales et s’engage à accompagner les femmes dans leur recherche de formation, d’emploi et de développement d’entreprise.
«Ces mesures vont, en effet, permettre aux femmes de se consacrer davantage à leurs activités professionnelles. Toutefois, des freins culturels restent à lever. Là, ce n’est pas une action gouvernementale c’est d’une action de la société civile dont nous avons besoin», souligne l’économiste, Mehdi El Fakir.
Selon lui, c’est tout un projet de société qui doit être mis en place. Pour ce qui est des femmes ayant arrêté leur parcours professionnel ou qui souhaitent se reconvertir, des mesures d’incitation à l’activité économique sont prévues. Elles permettront à cette frange de la population de bénéficier d’un accompagnement au développement de projets collectifs ou professionnels dans le cadre du programme «Al Forssa». Dès 2022, la mise en place de crèches de qualité sera généralisée. D’autres solutions de garde d’enfants, notamment dans les régions reculées, seront aussi déclinées.
Pour Mehdi El Fakir, ce programme est pragmatique et réalisable. Néanmoins, il recommande «à l’élite féminine de changer de logiciel pour comprendre comment intégrer la femme dans le processus de développement en tenant compte des spécificités de la société marocaine». Par ailleurs, le renforcement de la protection sociale pour les femmes actives pendant les périodes de grossesse et les premiers mois de maternité (congés payés) serait une mesure qui les encouragerait à intégrer le marché de l’emploi. La promotion de l’entrepreneuriat féminin à travers un accès amélioré au financement et une meilleure protection sociale pour les femmes auto-entrepreneurs sont aussi de mise.
En outre, le Nouveau modèle de développement avait aussi souligné l’importance des actions en faveur de la parité salariale et de l’équité dans l’accès aux opportunités d’emploi. Cela concerne les objectifs de parité au sein du secteur public, les quotas dans les conseils d’administration d’entreprise et des organisations syndicales, les incitations fiscales en faveur des employeurs respectant la parité… Le rapport insistait également sur une tolérance zéro pour toutes les formes de violences et de discrimination à l’égard des femmes.
Tilila El Ghouari / Les Inspirations ÉCO