Maroc

Stratégie nationale Forêts du Maroc : un levier de développement pour le rural

Lancée en 2020, la mise en œuvre de la Stratégie nationale Forêts du Maroc 2020-2030 s’articule autour de deux grandes phases. La phase des projets pilotes (2020-2023) qui a posé les fondations institutionnelles et structurelles de la stratégie et la phase de généralisation (2024-2025) qui marque l’entrée dans une dynamique de déploiement à grande échelle. L’année 2025 est positionnée comme un tournant d’accélération de la concrétisation sur le terrain des actions en faveur de ces espaces.

Estimées à plus de sept millions d’habitants, les populations des régions forestières dépendent étroitement de la forêt. Ces écosystèmes forestiers s’étendent sur une superficie de l’odre de 9,279 millions d’hectares, selon le recensement forestier national de 2022, représentant un patrimoine naturel d’une importance capitale pour l’équilibre écologique et socio-économique du pays. Il va sans dire que la fonction sociale de la forêt au Maroc est la composante dominante, comparée aux fonctions économique et environnementale. Ceci est à la base de la nouvelle stratégie «Forêts du Maroc 2020-2030», lancée par le Roi Mohammed VI, qui place les populations usagères au cœur de la gestion des forêts.

La stratégie repose sur cinq grandes orientations qui font des forêts un territoire de développement géré selon une approche participative et durable où les communautés locales sont considérées comme piliers du changement. Lancée en 2020, la mise en œuvre de la Stratégie nationale Forêts du Maroc 2020-2030 s’articule en deux grandes phases.

La phase des projets pilotes (2020-2023) qui a posé les fondations institutionnelles et structurelles de la stratégie. Il s’agit, notamment, de l’adoption de la loi 52-20 instituant l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF), du lancement des premières expérimentations et de la mise en place de dispositifs de gouvernance innovants.

Pour la phase de généralisation (2024-2025), elle marque l’entrée dans une dynamique de déploiement à grande échelle, avec une montée en puissance des projets, une accélération des réformes et une implication croissante des acteurs territoriaux. L’année 2025 est positionnée comme un tournant d’accélération de la concrétisation sur le terrain des actions en faveur des espaces forestiers.

En termes d’emploi, la stratégie prévoit de multiplier par 1,5 le nombre d’emplois directs supplémentaires créés via la génération de plus de 9.000 postes dans les forêts sociales, environ 6.000 dans les forêts productives et 12.000 dans la filière écotouristique.

Forêts du Maroc 2020-2030 : cinq principaux axes
La stratégie Forêts du Maroc 2020-2030 vise à transformer la forêt en un véritable moteur de développement rural, en favorisant, d’une part, la gestion participative et la diversification des activités économiques, et d’autre part, la préservation des ressources naturelles. Ses grandes lignes en faveur de l’économie rurale se déclinent en cinq principaux axes.

Tout d’abord, le souci de l’ANEF est de développer un modèle de gestion participative qui privilégie les communautés locales comme interlocuteur. Cette action ne peut se concrétiser qu’à travers l’implication des populations dans la gestion et l’exploitation durable des ressources forestières depuis la planification et la programmation jusqu’à la mise en œuvre des programmes et leur suivi/évaluation.

Selon l’ANEF, le modèle vise également la mise en place de partenariats entre l’ANEF, les collectivités locales et les communautés rurales pour favoriser une gestion partagée des forêts. Il est question aussi de créer des opportunités économiques locales par le renforcement du système coopératif et associatif forestier afin de valoriser les produits forestiers (plantes aromatiques et médicinales, miel, champignons, bois, …) et le développement de l’écotourisme et des activités récréatives pour diversifier les sources de revenus des populations rurales.

Parmi les autres axes, figure aussi l’amélioration des conditions de vie des populations riveraines par la création d’emplois verts et durables à travers des projets de reboisement, de surveillance et de gestion forestière. Il est question aussi de mettre en place des programmes de compensation et d’incitation financière pour encourager la préservation des forêts et limiter les pratiques destructrices (délits de coupe de bois, surpâturage, etc.), notamment la compensation sur la mise en défens des périmètres de reboisement. Outre le renforcement de la résilience face aux changements climatiques, la structuration et la modernisation du secteur forestier sont également des priorités exprimées via l’encouragement des investissements privés dans la valorisation des ressources et la transformation des produits avec la révision de la loi forestière en vue de la mise en place d’un cadre réglementaire favorable destiné à dynamiser les filières forestières et améliorer leur rentabilité.

La surexploitation des ressources dépasse deux à trois fois la capacité de régénération
Les espaces forestiers font face à plusieurs défis. Malgré leur rôle essentiel, les forêts sont confrontées à une fragilité croissante due à des conditions environnementales extrêmes et à des pressions anthropiques accrues. La surexploitation des ressources naturelles dépasse actuellement deux à trois fois la capacité de régénération des forêts, tandis que les sécheresses récurrentes affectent 95% des terres concenrnées.

Par ailleurs, le déséquilibre hydrologique, marqué par une baisse alarmante des nappes phréatiques et un stress hydrique accru, accentue la vulnérabilité des écosystèmes. Aussi, les conditions climatiques extrêmes ont des répercussions significatives sur la régénération forestière et la biodiversité. Parmi les effets les plus préoccupants, on observe une diminution du taux de régénération naturelle et artificielle, une réduction du couvert forestier et un appauvrissement du sous-bois, entraînant une dégradation de la biodiversité floristique et faunistique et une augmentation du phénomène de dépérissement, affectant aujourd’hui environ 10.000 ha, toutes essences confondues, dont 50% constitués de pins.

Face à ces défis, une gestion durable et résiliente des forêts s’impose, selon l’ANEF, comme une priorité, nécessitant des actions concertées pour préserver et restaurer ce patrimoine naturel essentiel. Dans cette optique, la Stratégie Forêts du Maroc 2020-2030 intègre un programme de reforestation, visant à développer les forêts et à renforcer leur résilience face aux pressions climatiques et anthropiques croissantes.

La stratégie a fixé un objectif ambitieux pour 2030 avec un programme visant à porter la superficie reboisée à 600.000 ha, avec une augmentation progressive du rythme annuel de 50.000 à 100.000 ha d’ici 2030. Des mesures clés ont été prise par l’ANEF pour assurer la réussite du programme.

Ainsi pour atteindre cet objectif, elle a mis en place plusieurs actions stratégiques, notamment le renforcement de la résilience des forêts marocaines face au changement climatique tout en assurant leur pérennité écologique et économique par le renforcement de programmes de plantation basées sur des espèces forestières autochtones plus résilientes notamment le cèdre, le thuya, l’arganier, et le chêne liège. Il s’agit aussi de l’utilisation de la technologie Waterbox pour optimiser l’arrosage des plants tout en économisant l’eau, notamment dans les zones arides et semi-aride.

Ce dispositif de collecte et de conservation de l’eau permet d’améliorer le taux de survie des jeunes plants qui peut être multipliée par deux ou trois par rapport aux méthodes traditionnelles. À cela s’ajoute l’amélioration des techniques et du mode de gestion de la semence forestière naturelle et de la production de plants visant à améliorer la qualité des plants forestiers tout en incitant l’investissement privé dans le secteur. Outre la mise en œuvre de techniques sylvicoles innovantes et l’intégration des technologies numériques dans la planification ainsi que la programmation et le suivi des opérations de plantation, il est question aussi de renforcer et moderniser les entreprises de reboisement pour optimiser l’exécution de ce programme de reforestation. La mise en place de structures dédiées au sein de l’ANEF est également prévue afin d’en accélérer la mise en œuvre.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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