Maroc

Spécial Agadir: Où en est le projet de zone industrielle «Lyma» ?

Entretien avec Taquiedine Cherradi El Fadili, PDG du groupe Lymouna-Matysha.

Le groupe Lymouna-Matysha a été l’un des opérateurs ayant traduit l’effet d’entraînement du secteur privé dans le cadre de la déclinaison régionale du PAI, notamment dans l’agroalimentaire. Où en est le projet de zone industrielle «Lyma» ?

La plateforme industrielle du groupe Lymouna-Matysha, baptisée «Lyma», est la première zone industrielle intégrée agri-agro réalisée par le secteur privé dans la région. Pour réussir ce projet, notre groupe a mobilisé ses équipes afin qu’elles en assurent le suivi.

Elles sont principalement constituées d’ingénieurs et d’experts affiliés au groupe. D’une superficie de 16 ha extensible à 30 ha, le projet nécessitera une enveloppe de 400 MDH, dont 180 MDH déjà déboursés à travers la réalisation de l’unité de conditionnement d’agrumes Lymouna Med et celle de conditionnement des primeurs Lymouna Prim, en plus d’un hangar de montage et de stockage des emballages en carton avec un partenaire international, IP.

La plateforme permettra la création de 800 emplois permanents, dont 107 déjà existants, et 260.000 journées de travail occasionnelles, dont 160.000 déjà générées par les unités existantes. Le groupe attend actuellement les autorisations pour lancer la troisième tranche.

Quelles sont les composantes de ce projet agro-industriel ?

Le projet s’articule autour de la création d’un écosystème agro-industriel composé de trois zones intégrées : commerciale, industrielle et logistique. La première abritera des projets agro-industriels : unités d’emballage et de bois, d’aliment de bétail, de production de filet agricole et de recyclage du plastique agricole.

On y trouvera également un complexe agro-industriel, agrivoltaïque, une chaîne de conditionnement et la normalisation des fruits et légumes pour le marché local et l’Afrique. La deuxième composante est consacrée à une plateforme logistique qui comprend une station-service, une plateforme logistique frigorifique, trois dépôts en location, un dépôt de conteneurs maritimes, ainsi qu’une zone parking dédiée aux poids lourds.

La troisième composante sera, elle, réservée aux services et commerces. À cet égard, elle accueillera des showrooms, un centre d’affaires, un incubateur de start-up, un centre de formation technique, des agences bancaires, un centre vétérinaire, un laboratoire d’analyses, de recherche et développement, ainsi que la Fondation Taquiedine Cherradi, qui a pour but de faire des jeunes talents des promoteurs de cette zone d’El Guerdane.

La majeure partie des exportations de fruits et légumes sont acheminées à l’état frais. Qu’est-ce qui freine leur valorisation et leur transformation ?

Premier frein important, la valorisation de la production non exportée, présentant une valeur ajoutée intéressante, nécessite des technologies de pointe onéreuses et un savoir-faire dans le domaine de la transformation et de la conservation du produit avec toutes ses composantes nutritives telles que la mise en conserve, le conditionnement aseptique, le surgelé ou le séchage…

Le groupe envisage divers projets de transformation afin de mieux valoriser ses produits, notamment une unité de transformation d’agrumes en jus, en concentré et en aliments de bétail, une unité de transformation de tomates, ainsi qu’une unité de préparation de plats pré-cuisinés en 5e gamme pour la grande distribution.

Le groupe a intégré d’autres activités en se dotant de sa propre pépinière et de sa branche fruits rouges. Pourquoi?

La réalisation d’une culture sous serre de 100 ha de fruits rouges a mobilisé 150 MDH. Pour la production de la myrtille, la densité sous serre est de 8.000 plants/ha alors que la pleine production avoisine 20 à 30 t/ha. S’agissant de la framboise, le rendement moyen est 18 t/ha avec un objectif de 25 t/ha.

Ce projet de fruits rouges dispose aussi de son pré-conditionnement et de sa palettisation au niveau des serres, avec station de conditionnement dotée de chambres froides. L’export prévisionnel est de 1.900 t au bout de la 2e année avec un chiffre d’affaires de 114 MDH. Pour la pépinière, il s’agit d’un projet à moyen terme.

Le groupe vient de sceller un partenariat avec Barea Energy pour le développement de l’agrivoltaïque. En quoi consiste ce projet ?

Une convention a été signée entre le groupe Matysha, agrégateur énergétique dans la région du Souss, et la société Barea Energy pour le développement de parcs solaires de 2,3 mégawatts crête (MWc), avec une enveloppe frôlant 20 MDH. Le projet consiste en l’installation de 5.500 panneaux photovoltaïques permettant une économie d’énergie de 63% et 4.000 t de CO2 pour l’ensemble des 24 sites d’exploitation du groupe Lyma.

Un volet de recherche et développement accompagnera le projet pour offrir aux agriculteurs de la région du Souss des solutions de pompage efficientes et accessibles.

Matysha France est placé au cœur de votre stratégie commerciale. Quel rôle joue cette plateforme en termes d’export et de commercialisation ?

La commercialisation à l’export se fait principalement via notre plateforme à l’export Matysha France, qui gère les marchés nord-américain et européen, qui représentent environ 60% du chiffre d’affaires à l’export. En effet, les clients finaux de Matysha France sur les marchés US, Canada, UK et UE sont couverts par des assurances crédits, ce qui permet un développement des ventes tout en maîtrisant les risques liés au recouvrement. Par ailleurs, le marché russe, qui représente 40% de notre flux d’affaires, est directement géré depuis le Maroc compte tenu de l’embargo européen sur la Russie.

Quelles sont vos perspectives d’investissement sur le plan agroalimentaire ?

Il y a la réalisation de l’unité industrielle de production de transformation des tomates et des agrumes pour mieux valoriser la production. À cela s’ajoutent le développement de la zone industrielle dédiée au secteur agroalimentaire et la création d’unités d’élevages laitiers pour atténuer la saisonnalité de notre activité. Une unité de laitage et de fromage est également prévue, de même qu’une ferme solaire de 4 MW, à réaliser en collaboration avec la Société d’investissement énergétique. 

Y.S.



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