Depuis que les écosystèmes industriels nationaux ont montré leur plein potentiel, les universités et instituts de formation publics et privés adaptent leurs contenus en fonction des exigences des entreprises. Leur objectif : booster l’employabilité des lauréats.
Le Maroc est en pleine mutation. La dynamique que connaissent les écosystèmes industriels, un succès sur le plan économique et commercial, poussent les secteurs qui y sont attachés, tels que la formation, à mettre à jour leurs procédés et ainsi s’adapter aux réalités changeantes du marché de l’emploi. Ce dernier, intransigeant sur les compétences et ne pouvant plus se satisfaire de l’offre dite basique, montre un regain d’intérêt certain pour les universités publiques et privées, les écoles étrangères fraîchement installées au Maroc et les instituts de formation professionnelle.
La raison est que l’impératif de maintenir la tangente quant à l’adéquation des formations pilotées avec les exigences des recruteurs impose une proactivité qui n’était, jusque-là, pas l’apanage des formateurs, traditionnellement portés sur des méthodes plus classiques. Des méthodes qui ont montré leur limites avec le changement de donne que nous constatons, et qui ont donné naissance à de nombreuses filières de formation, pensées en adéquation avec la montée en puissance des nouveaux métiers mondiaux et des secteurs porteurs tels que l’industrie automobile et aéronautique, les nouvelles technologies de l’information et de communication, les énergie renouvelables et le secteur pharmaceutique, mais également l’industrie 3.0 (impression numérique) et les métiers qui gravitent autour, ainsi que les nouvelles compétences digitales (réseaux sociaux, intelligence digitale et réalité augmentée, réalité virtuelle, nouvelles technologies de communication, clouds, etc). Un chantier auquel s’attaquent désormais l’ensemble des acteurs nationaux et internationaux présents au Maroc, chacun y allant de sa recette personnalisée et de sa méthodologie propre, mais s’inscrivant dans le même but. Des mutations inédites dans l’histoire des réformes de l’éducation dans notre pays, favorisées d’ailleurs par une conjoncture mondiale devenue rigide et austère, sceptiques quant à la fructification des anciens modèles de développement économique des suites des crises financières répétées qui impose de nouvelles manières d’imaginer et d’approcher les composantes les plus sensibles des métiers complexes. C’est ainsi que le rôle croissant que joue Internet dans les stratégies d’entreprises est devenu incontournable, et l’éventail des possibilités suffisamment large pour favoriser l’émergence de métiers nouveaux, ainsi que l’adaptation de fonctions existantes à d’autres, nouvelles, plus en accord avec l’évolution des procédés. Il est également intéressant de relever le point commun entre tous ces nouveaux métiers, qui réside dans leur appétit insatiable pour les qualifications pointues. Pareil pour le secteur de la sous-traitance qui, intimement lié aux exigences de leurs donneurs d’ordres, ont opéré une mise à jour qualitative à la fois des procédés et des produits pour fournir leurs clients en composantes, viables certes, mais intégrant également le niveau technologique promu, au même titre que les conditions sociales et environnementales dans lesquels ces composantes ont été conçues. Ce n’est pas pour rien que la Toulouse Business School (TBS) exporte son modèle fortement axé sur l’industrialisation par écosystème, tirant profit des fruits de son expérience, la ville de Toulouse étant une ville industrielle qui abrite des géants comme Airbus, Safran et Thales.
La reproduction de ce modèle de formation pédagogique, étroitement lié aux évolutions des besoins de ces industriels, ne relève pas de l’impossible dans un pays comme le Maroc qui recense ces mêmes industriels sur son territoire. Mundiapolis, pour sa part, a choisi de miser sur la formation de jeunes professionnels et cadres disposant de compétences techniques et humaines, capables d’offrir une valeur ajoutée à leur entreprise et de soulager leur supérieur. L’institut s’est doté d’un programme pédagogique fort de 38 filières comprenant les Sciences de la santé, l’Ingénierie, la Business School, les Sciences politiques, sociales et juridiques et la Formation exécutive. L’ENCG Settat s’est, elle, focalisée sur la formation de futurs managers dans le domaine des finances, de l’audit, de la gestion, du marketing, de la logistique, de la gestion de projets et des ressources humaines pour accompagner la mise en place de ses écosystèmes. L’UPM ratisse plus large et s’attaque à tous les écosystèmes (énergies renouvelables, aéronautique, informatique, industrie pharmaceutique, électronique et systèmes embarqués, construction, offshoring, etc.) en opposant à chacun au moins un programme de formation. C’est grâce à cette diversification, toute jeune puisqu’elle date de quelques années à peine, que le Maroc est devenu un hub international de l’enseignement supérieur avec l’implantation de grandes écoles supérieures classées au niveau mondial telles que le groupe des Écoles Centrale (à travers l’École Centrale Casablanca) et l’ESSEC.
Il est intéressant toutefois de relever qu’à première vue, l’évolution des procédés techniques ne concerne que très peu les formations techniques les plus précises (ingénierie, chimie, etc.), étant donné qu’elles sont pointues par nature et supposent une amélioration intrinsèque et continue. En vérité, il n’en est rien. Ces filières de pointe sont encore plus exposées au changement, de l’aveu même des universités qui forment ces profils, eu égard au changement de fond que connaissent les foyers de compétences en ingénierie et au profit desquels les écoles s’emploient à suivre de très près les dandinements qui caractérisent les secteurs porteurs afin de s’adapter aux besoins des employeurs. Et pour éviter tout risque d’erreur sur le diagnostic, de plus en plus d’instituts de formation et universités impliquent directement les employeurs. C’est le cas de l’École Centrale Casablanca qui est bien avancée sur cette stratégie. Le profil d’ingénieur étant de plus en plus prisé par le secteur industriel. Maghreb Steel, leader national de l’acier, a choisi de s’allier à l’unique antenne africaine du groupe des Écoles Centrales pour se fournir en compétences et agir sur les matières enseignées afin qu’une partie des ingénieurs que l’école produit soit parfaitement intégrée et imprégnée des principales problématiques de l’industriel, et ceci dès le premier jour passé dans ses locaux. Les futurs Centraliens seront initiés aux particularités du monde industriel au sein des unités de Maghreb Steel, encadrés par les professionnels qui y officient. Un modèle largement utilisé par l’OFPPT qui traite quasi exclusivement avec les industriels formant les différents écosystèmes du royaume, et pour qui des programmes de formations ciblés ont été mis en place pour forger des compétences qualifiées des plus intéressantes, libérant les investisseurs nationaux et étrangers d’investir dans la formation pour se doter des profils dont ils ont besoin.