Maroc

Souss-Massa : le Plan agricole régional double son portefeuille de projets

Le portefeuille de projets du nouveau Plan agricole régional (PAR) a été doublé pour la période 2020-2030, passant de 106 projets inscrits auparavant dans le cadre du Plan Maroc Vert, entre 2008 et 2019, à 214 projets inscrits dans le cadre de la stratégie Génération Green.

Le Plan agricole régional (PAR) du Souss-Massa changera d’échelle en doublant sa capacité de projets. En passant d’un portefeuille de 106 projets inscrits dans le cadre du Plan Maroc Vert durant la période 2008-2019, à 214 projets pour la stratégie Génération Green 2020-2030, le nouveau PAR ciblera 308.735 agriculteurs, au lieu de 113.400 bénéficiaires ciblés par l’ancienne feuille de route. Ce sont, grosso modo, les contours du nouveau Plan agricole régional de Souss-Massa dont les détails ont été dévoilés, en fin de semaine dernière, par la Direction régionale de l’agriculture, lors de la première session ordinaire de la Chambre régionale d’agriculture au titre de l’année 2021. Pour rappel, la stratégie Génération Green se base sur deux grands fondements, dont le premier est lié à la priorisation de l’élément humain. Ce fondement est décliné en quatre axes qui visent, respectivement, à faire émerger une nouvelle génération de classe moyenne agricole, de jeunes entrepreneurs et d’organisations agricoles, et mettre en place une nouvelle génération de mécanismes d’accompagnement.

40.000 nouvelles familles dans la classe moyenne
Dans ce sens, le nouveau Plan agricole régional prévoit l’accès de 40.000 familles à la classe moyenne agricole et la fixation de 22.300 autres dans cette classe. Au total, le nombre de familles devrait ainsi passer de 22.340 en 2019 à 62.000 en 2020. Sur les 40.000 nouvelles familles, 21.000 couvrent les différentes filières de production, tandis que 12.000 autres relèvent des jeunes entrepreneurs et les 7.000 restantes des produits du terroir. Ce chiffre représente 52% des agriculteurs de la région Souss-Massa. S’agissant de la création d’une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs, ce programme se décline en 13 projets qui mobiliseront 895 MDH à travers des projets individuels devant générer 16.500 postes. Pour sa part, l’Initiative régionale dédiée aux jeunes entrepreneurs agricoles générera 15.000 emplois, alors que les projets autour des terres collectives étalées sur 6250 ha créeront 1252 postes d’emplois.

Organisations agricoles : 892 nouvelles coopératives créées
Pour l’axe dédié à la création de nouvelles générations d’organisations socioéconomiques, 59.330 agriculteurs seront agrégés avec un objectif visé de l’ordre de 50% d’agrégation. Cet axe permettra la création de 892 nouvelles coopératives. Au total, les groupements et unions agricoles devront passer de 1.919 structures en 2019 à 3.112 en 2030. Pour les autres axes, notamment la formation, 12.881 lauréats seront formés à l’horizon 2030 avec un investissement de l’ordre de 111 MDH, en plus de la mobilisation de 267 nouveaux conseils agricoles relevant du privé pour l’encadrement de 118.657 agriculteurs. A cela, s’ajoute la question de l’assurance multirisque avec deux produits. Le premier, dédié aux céréales et légumineuses, permettra d’augmenter la superficie assurée de 17.300 ha en 2019 à 36.000 ha en 2030, alors quand le second, consacré aux arbres fruitiers, la superficie permettra de passer de 405 ha à 20.284 ha.

Second fondement : renforcement de 23 filières agricoles
S’agissant du second fondement de ce plan, il compte renforcer 23 filières agricoles, dont 18 activités dédiées à la production végétale et 5 filières animales, dans le cadre de son premier axe. Cet axe mobilisera 21,22 MMDH, dont 76% du montant proviendra du secteur privé. En plus des cultures qui font la renommée de la région (légumes, agrumes, argan, safran…), le nouveau plan mettra le cap sur d’autres produits, notamment de terroir. Il s’agit, pour les cultures végétales, de la grenade, la pomme, le caroubier et l’aïl, en plus des plantes aromatiques. Pour la production animale, il s’agit essentiellement de l’héliciculture. Bien que les superficies agricoles sont plus ou moins stables, la production sera revue à la hausse avec plus de rendement, notamment pour les légumes, dont la production évoluera à hauteur de 6 %, soit 2,3 millions de tonnes au lieu 1,5 millions de tonnes avec une superficie de 31.140 ha. Pour les agrumes, la production frôlera 1 million de tonnes, soit une augmentation prévue de l’ordre de 56%. Le constat est le même pour les fruits rouges qui évolueront à hauteur de 4%, les olives (29%), l’argan (5%) et les autres filières.

Les filières animales en force
Toujours est-il que ce sont les filières animales qui prévoient plus de croissance, notamment la filière laitière dont la production prévue à l’horizon 2030 évoluera de l’ordre de 47%, soit de 330.000 tonnes en 2019 à 485.000 tonnes en 2030, alors que les viandes rouges évolueront à hauteur de 28 % (de 35.500 tonnes à 45.900 tonnes). Pour sa part, la production avicole devrait s’accroître de 26%. Un autre fait méritant d’être relevé concerne l’accélération de la valorisation, qui passera 58% en 2019 à 70% en 2030. A cet égard, le nombre d’unités de valorisation passera de 564 unités en 2019 à 604 en 2030, soit une augmentation de 11%. C’est la filière laitière qui connaîtra le plus de valorisation à l’horizon 2030 avec une moyenne de 90%. Pour les légumes, les agrumes, le safran et les viandes rouges, le taux de valorisation programmé est de 70%, alors que pour l’argan et le miel, il est de 50%, contre 20% pour les dattes.

Exportations : une hausse de valeur de 7,9 MMDH en 2030
S’agissant des exportations, leur valeur devrait enregistrer une hausse de 5 MMDH en 2019 à 7,9 MMDH. Dans ce sens, les exportations de légumes devraient augmenter de 34%, soit de 952.000 tonnes à 1,3 million de tonnes. Le constat est le même pour les agrumes dont les exportations évolueront à hauteur de 45%, soit 448.000 tonnes en 2019 à 650.000 tonnes en 2030. Toutefois, les exportations vont grimper, particulièrement pour l’agriculture biologique qui doublera son export de 10.000 tonnes à 20.000 tonnes, en plus des fruits rouges qui passeront de 11.860 tonnes à 29.000 tonnes à l’horizon 2030. A noter que le nouveau plan donne une importance aux cultures alternatives, notamment biologiques, dont la superficie passera de 2.050 ha à 6.944 ha, soit 37.178 tonnes de production en 2030, contre 12.350 tonnes en 2019. Pour rappel, la région Souss-Massa est classée 3e sur le podium des superficies biologiques, soit une part égale à 16% à l’échelle nationale.

Modernisation des circuits de distribution
Concernant le second axe de ce second fondement dédié à la modernisation des circruits de distribution, le plan prévoit, dans le cadre de la modernisation des marchés de gros, la mise à niveau du marché d’Oulad Teima à Taroudant pour un montant de 378 MDH, en plus de la réalisation à Inzegane de la plateforme de commercialisation de produits agricoles et alimentaires de la région Souss-Massa à hauteur de 250 MDH. Pour la réalisation de ce projet, l’étude est déjà en cours. Un autre projet est prévu à Tiznit à travers le marché de consommation locale, qui va mobiliser 49 MDH. La capacité totale de ces nouvelles plateformes est fixée à 1500 tonnes par an. Pour la modernisation des marchés hebdomadaires, cette composante vise la mise à niveau de 24 marchés à hauteur de 120 MDH pour les marchés qui oscillent entre 1 et 2 hectares. Grâce à ce projet, les pertes passeront de 20 à 5% à travers l’installation d’entrepôts frigorifiques et d’infrastructures de base.

Modernisation des abattoirs
Le plan d’action dans le cadre de cet axe dédié à la modernisation des abattoirs vise la réalisation de trois unités, en plus de la modernisation de quatre unités et la réalisation de cinq marchés de bestiaux. L’investissement global prévu est fixé à 677 MDH. D’autres actions sont prévues dans le cadre de cet axe, notamment l’amélioration génétique avec de nouvelles variétés résistantes pour l’argan, le cactus et le safran, ainsi que le transfert de technologie et l’irrigation intelligente via la généralisation du réseau de stations météo de l’Agro Technologiques qui couvrira l’ensemble des bassins irrigués sur 65.000 ha. A cela, s’ajoute l’actualisation de la carte de fertilité et la promotion de l’agriculture digitale pour les questions d’irrigation, le climat dans les abris serres et le contrôle phytosanitaire des cultures. Quant au quatrième axe, il englobe quatre locomotives et neuf programmes qui concernent le renforcement de la gouvernance d’économie d’eau, le développement du partenariat public privé en termes d’irrigation, de préservation du patrimoine agricole et de transhumance, en plus de l’efficacité hydrique et énergétique à travers la promotion du pompage solaire. Ce volet mobilisera 4,12 MMDH grâce à la réalisation de 20 projets avec un objectif d’économiser 200 millions M3.

Yassine Saber / Les Inspirations Éco



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