Sortie du Covid-19. Les urgentistes fixent trois conditions
Les médecins urgentistes, réunis à travers leur société savante, la Société marocaine de médecine d’urgence (SMMU), viennent de faire connaître leur position concernant la stratégie à adopter pour sortir de la crise sanitaire du Covid-19. Selon un communiqué diffusé par le bureau scientifique de leur association, trois prérequis doivent être assurés pour sortir «prudemment et proprement» de la crise sanitaire.
Comment reprendre une vie normale
D’abord, pour le Comité scientifique de la SMMU, le tout premier prérequis, qui est également la seule solution à la crise actuelle, est le développement d’un vaccin contre le virus. Conscients du fait que la découverte, les tests et le développement de ce vaccin prendra un certain temps, les urgentistes pensent toutefois qu’il ne faille pas arrêter l’activité économique en dehors de l’existence d’un vaccin. «Tant qu’un traitement ou un vaccin n’aura pas été trouvé, il est clair que la stratégie actuelle de confinement d’une grande partie de la société n’est pas envisageable à long terme, car les dommages sociaux et économiques seront dramatiques. Ce dont les pays ont besoin dans ce cas, c’est d’une stratégie de sortie, c’est-à-dire un moyen pour lever les restrictions et ramener la vie à la normale, malgré le risque d’augmentation des cas positifs. Ce qui constitue en soi un défi scientifique et social majeur», souligne notamment le comité. Ensuite, comme second prérequis, le bureau scientifique de la SMMU préconise le développement d’une immunité collective suffisante qui fournit un certain degré de protection sociale, comme c’est le cas pour la grippe saisonnière. Rappelons que l’immunité collective correspond au seuil où l’épidémie ne se propage plus de manière conséquente sur un territoire. Elle peut être obtenue par l’infection naturelle ou par la vaccination des populations. Selon les données de l’Institut Pasteur, l’immunité collective pour le Covid-19 est actuellement évaluée à 70%. Cela signifie que, selon le célèbre institut, pour que le virus ne représente plus un danger, il faudrait que 70% des Marocains aient contracté le virus ou aient été vaccinés. Enfin, comme troisième et dernier prérequis, le Comité scientifique de la SMMU insiste sur un changement permanent du comportement de la société, autrement dit, sur la nécessité de s’habituer et de s’adapter aux mesures imposées pour faire face à la pandémie. Il s’agit notamment d’adopter des mesures de déconfinement graduelles et progressives sur trois niveaux pour maintenir de faibles taux de transmission de l’infection.
Trois niveaux de déconfinement à instaurer
Selon la SMMU, il s’agit d’ouvrir en premier lieu les activités à risque léger, c’est-à-dire celles liées à l’exercice individuel à l’extérieur avec le maintien du port obligatoire des masques et le respect des mesures de protection individuelles. En deuxième lieu, les activités à risque moyen devront suivre, c’est-à-dire les magasins non essentiels, les réunions entre personnes ne vivant pas sous un même toit, la prière dans les mosquées à l’exception de celle du vendredi, les rassemblements ne dépassant pas 50 personnes et le tourisme intérieur. En troisième et dernier lieu figurent les activités à risque élevé, à savoir le retour au système de travail normal, le retour des élèves à l’école, la suppression de l’isolement des patients et des sujets contacts. «À notre avis, cette démarche permettra de sortir du confinement actuellement imposé, d’autant plus que notre pays connaît de faibles niveaux de propagation de maladie, d’hospitalisation en réanimation et de mortalité», explique le comité, qui insiste toutefois sur les contrôles. En effet, selon lui, les contrôles doivent être multipliés pour isoler efficacement les cas positifs et définir éventuellement les foyers possibles, dans l’attente d’un vaccin qui changera toutes les équations où il n’y aura pas besoin d’isolement social.