Régionalisation. La charte bientôt sur les rails
Après l’adoption de la charte de la déconcentration prévue avant la fin de ce mois, une autre charte visant l’activation des compétences propres des régions verra le jour. On s’attend à ce qu’elle soit finalisée avant la fin de l’année en cours. La gestion du temps est un facteur déterminant pour la réussite du chantier de la régionalisation avancée.
Le transfert escompté des compétences propres aux conseils régionaux tarde encore à se concrétiser. Les discussions entre le ministère de l’Intérieur, les départements concernés et les présidents des régions a visiblement avancé dans le cadre des six commissions créées pour étudier les différents dossiers d’ordre social, économique et culturel. L’objectif est d’élaborer un projet de charte commune pour l’activation des compétences propres des régions. La première mouture vient d’être élaborée et des discussions élargies sont en cours autour du projet qui n’est pas encore reçu l’aval de l’ensemble des présidents des régions, selon une source interne. Le président du Conseil régional de Rabat-Salé-Kénitra, Abdessamad Sekkal, signale que l’espoir est de pouvoir finaliser la charte commune avant la fin de cette année. Ce texte est très attendu car il va donner un véritable coup de fouet à la mise en œuvre de la régionalisation avancée.
Ladite charte permettra en effet dans un premier temps d’activer le transfert des compétences propres des régions avant de passer à la concrétisation des autres attributions. Ce projet de la plus haute importance doit être accompagné par un autre texte non moins important, celui de la charte de la déconcentration administrative que le gouvernement est appelé à faire sortir des tiroirs avant la fin de ce mois. C’est une requête insistante des présidents des régions. Depuis leur installation, ils ne cessent de tirer la sonnette d’alarme et appellent de leurs vœux la mise en place de la déconcentration administrative pour avoir des interlocuteurs locaux ayant un véritable pouvoir décisionnel et pouvoir ainsi accélérer le rythme d’implémentation des projets et des accords. Le gouvernement accuse un retard abyssal en la matière alors que le chantier devait être prioritaire. Sous d’autres cieux, la déconcentration administrative a été mise en place avant le processus de régionalisation.
En tout cas, le compte à rebours est enclenché. Il ne reste plus que quelques jours pour entamer la mise en œuvre de la déconcentration. On s’attend à ce que le texte précise les étapes de ladite déconcentration, les mécanismes à mobiliser ainsi que le détail des pouvoirs à transférer. Ce point est très important car il permettra de limiter le pouvoir d’appréciation en matière des attributions à transférer dans toutes les administrations centrales dont certaines sont visiblement encore réticentes au nouveau changement. Les départements gouvernementaux ont eu du mal à accorder les violons sur le regroupement d’une quarantaine de départements en une dizaine de pôles sur le plan local mais il s’agit d’une nécessité pour réussir le chantier de la régionalisation. L’adoption des deux chartes constituera un tournant décisif. Il est grand temps de mette en place des actions concrètes pour fluidifier le processus de la régionalisation qui piétine encore, trois ans après son lancement. L’espoir est de non seulement doter les conseils régionaux des attributions qui leur reviennent de droit comme stipulé noir sur blanc par les lois organiques mais aussi de trouver les moyens pour leur permettre de s’attaquer aux problèmes dont ils souffrent. On peut citer notamment l’épineuse question des ressources humaines soulevée par la plupart des présidents des régions.
À cet égard, plusieurs faiblesses sont relevées par les élus dont le manque d’un nombre suffisant d’agents et de fonctionnaires permettant aux régions de couvrir leurs besoins. S’ajoute à cela la faiblesse constatée au niveau des compétences techniques des ressources humaines affectées aux régions, ce qui les empêche d’assumer comme il se doit les missions qui leurs sont dévolues. Les régions demeurent toujours incapables d’attirer les compétences de haut niveau pour mener à bien leurs missions.
Rabat accueille le Forum mondial des régions
Quelque 400 participants de différents continents seront lundi et mardi prochains en conclave à Rabat pour débattre d’un sujet d’actualité internationale : les régions face aux défis de la mise en œuvre des trois agendas globaux adoptés en moins d’un an entre 2015 et 2016 : agenda 2030, Accord de Paris sur le climat et le nouvel agenda urbain. La rencontre est organisée par l’ORU FOGAR (United Regions Organization) présidée par Abdessamad Sekkal et le Conseil régional de Rabat-Salé-Kénitra. L’idée est de passer au crible toutes les issues possibles pour permettre aux régions d’être présentes dans les négociations internationales car souvent c’est à elles que revient la mission de la mise en œuvre des accords. Les gouvernements régionaux et intermédiaires sont les mieux placés pour apprécier les réalités environnementales, sociales et économiques relatives à leurs régions. Elles peuvent ainsi apporter un éclairage précis aux gouvernements nationaux dans le cadre de l’élaboration des politiques publiques, comme tient à le souligner l’ORU FOGAR.