Maroc

Rachid Khattate : “Nous réalisons quotidiennement 3 à 4 millions d’analyses d’échantillons”

Rachid Khattate
Président de MarocLait

Face à la polémique grandissante faisant le rapprochement entre lait non pasteurisé et infection à la tuberculose, Rachid Khattate, président de MarocLait, dénonce les dangers du lait «en vrac» vendu hors circuit contrôlé, tout en réaffirmant la sécurité sanitaire absolue du lait industriel (pasteurisé, UHT) grâce à des contrôles stricts.

Une vive polémique agite les réseaux sociaux, associant la consommation de lait non pasteurisé à des cas de tuberculose. Quelle est la position de votre fédération face à ces inquiétudes ?
Nous suivons de près cette situation. Au nom de la fédération, je tiens à rassurer formellement tous les citoyens : le lait produit dans le circuit structuré – qu’il soit pasteurisé, UHT, ou transformé en produits laitiers vendus en magasin – est soumis à des contrôles rigoureux sous la supervision des autorités compétentes comme l’ONSSA. Ce lait, issu d’exploitations agréées et disposant de toutes les licences sanitaires, est 100% sain et ne présente aucun danger pour la santé des consommateurs. La confusion provient d’un autre type de lait.

Vous parlez de confusion. Quelle est la différence fondamentale entre le lait industriel que vous défendez et celui qui est mis en cause sur les réseaux sociaux ?
La différence est capitale. Il faut distinguer le lait pasteurisé ou stérilisé du circuit contrôlé, de ce qu’on appelle communément le «lait en vrac» ou «lait à la mesure». Ce dernier est vendu en dehors de tout cadre réglementé :
dans des points de vente non structurés, sur les marchés hebdomadaires, parfois dans des bouteilles plastiques anonymes. C’est ce lait non contrôlé, non pasteurisé et non stérilisé qui est potentiellement dangereux.

Pourquoi ce lait «en vrac» est-il considéré comme dangereux, notamment par rapport à des maladies comme la tuberculose ?
Ce lait non structuré présente des risques car il échappe à tout contrôle sanitaire et processus de purification. Il ne subit ni filtration, ni purification, et surtout, pas de pasteurisation. La pasteurisation est un traitement thermique industriel essentiel qui élimine les bactéries potentiellement pathogènes, y compris, le cas échéant, le bacille de la tuberculose. Sans ces étapes, le risque pour la santé du consommateur est réel.

Comment pouvez-vous garantir concrètement la sécurité sanitaire du lait issu du circuit structuré, celui que l’on trouve en magasin ?
La sécurité est notre priorité absolue et elle est assurée par un système de contrôle multi-niveaux. Premièrement, toutes les exploitations affiliées sont sous contrôle sanitaire strict de l’ONSSA. Ensuite, nous réalisons quotidiennement 3 à 4 millions d’analyses sur les échantillons de lait collecté avant même son entrée en usine, pour vérifier l’absence d’impuretés, de bactéries ou de résidus d’antibiotiques.

Ce lait est à nouveau contrôlé à chaque étape de sa transformation en usine. Enfin, avant la mise sur le marché, des analyses finales et une période de surveillance garantissent sa conformité et sa sécurité.

Au-delà de la polémique actuelle, le secteur laitier fait face à des défis (sécheresse, coût des aliments, baisse du cheptel). Comment ces difficultés impactent-elles la capacité à fournir un lait sain et quelles mesures prenez-vous pour soutenir la filière et garantir l’approvisionnement en lait sûr ?
Ces contraintes sont réelles et nous travaillons activement pour les surmonter afin de maintenir un approvisionnement fiable en lait sain. Nous nous concentrons sur la reconstitution du cheptel, notamment via des subventions à l’importation de vaches laitières et le développement technique comme l’insémination artificielle.

Pour soutenir les éleveurs, le prix du lait à la production a été revalorisé de 30% ces dernières années et l’État propose des aliments subventionnés. Un contrat-programme avec le ministère de l’Agriculture fixe nos objectifs jusqu’en 2030. Toutes ces actions visent à renforcer la filière structurée, seule garante d’un lait contrôlé et sans danger pour le consommateur. Le risque demeure exclusivement lié au lait cru vendu hors circuit légal.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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