Protection de l’enfance : un nouveau plan contre les violences
Le gouvernement a annoncé le lancement d’une série de concertations associant les départements concernés en vue de faire le bilan des programmes de protection de l’enfance. Le durcissement de l’arsenal légal est aussi à l’ordre du jour.
Les crimes en série, perpétrés durant ces dernières semaines et qui ont ciblé des enfants, ne pouvaient laisser le gouvernement indifférent face à la montée des appels émanant des associations pour préparer une riposte. Le département chargé des droits de l’Homme a, en effet, lancé des concertations entre les principaux intervenants dans le circuit de protection, avec le souci de répondre favorablement «aux demandes émanant de la société, et qui ont pour objectif de renforcer l’arsenal préventif et protéger les enfants des agressions qui les ciblent», indique l’argumentaire du département chargé des droits de l’Homme. Il s’agit de réaliser une évaluation des mesures qui ont été appliquées jusqu’à présent, notamment «l’examen du bilan national en matière de protection des droits de l’enfant, ainsi que les mécanismes et les insuffisances qui ont entaché la mise en œuvre de la législation», ajoute la même source. Les pistes actuellement favorisées consistent à lever le seuil de vigilance des autorités compétentes ainsi que l’amélioration des modalités d’intervention pour prévenir la commission des crimes contre les enfants en situation de vulnérabilité.
De nouveaux chantiers lancés
L’implication de la société civile et le renforcement des programmes dédiés à l’enfance seront parmi les chantiers prioritaires. L’enjeu est de contribuer à une meilleure prise en charge inclusive des enfants issus des milieux défavorisés ou marginalisés. Les axes d’intervention concernent aussi l’amélioration de la santé et la nutrition des enfants, le développement de la petite enfance, la promotion de l’éducation de base et le développement des adolescents, le renforcement de compétences dans le domaine de la protection de l’enfance, l’insertion socio-économique des jeunes et le partage d’expertises. Le plan d’action projeté devrait également couvrir des interventions spécifiques sur les différents lieux d’implantation des centres sociaux, centres d’animation culturelle, centres de formation, espaces crèches….) et devront bénéficier aux enfants et aux jeunes adolescents ainsi qu’aux associations gestionnaires des centres œuvrant dans les différents leviers d’actions liés à la petite enfance et aux jeunes. «La protection de l’enfance est un chantier national dont la concrétisation passe par un dispositif intégré incluant tous les intervenants concernés selon une approche de convergence, pour assurer la réalisation d’objectifs concrets», souligne la feuille de route destinée à donner un nouveau souffle au dispositif de protection. Des dispositifs territoriaux intégrés de protection de l’enfance sont également en ligne de mire ; ils ont pour finalité ultime «l’élaboration d’un processus bien régulé selon plusieurs étapes dont la détection, l’assistance d’urgence, le diagnostic ainsi que l’accompagnement et la prise en charge médicale, psychique, juridique et sociale». Il s’agira aussi de veiller à la requalification, à la réinsertion et au suivi de la condition des enfants, et de déterminer toute la panoplie des prestations relatives à chacune des étapes du processus de protection. Il faut dire que malgré les efforts déployés, ces dernières années, le Maroc n’a pas pu surmonter certaines problématiques qui entravent la protection sociale des enfants, notamment la recrudescence des actes de violence, d’agression, de maltraitance et d’exploitation des enfants dans la mendicité, auxquels s’ajoute le phénomène des enfants de la rue.
L’échange d’informations est une priorité
L’Observatoire national de l’enfant reste le canal de filtration des attentes des enfants, à travers les services du centre national d’écoute de signalement et de défense des enfants qui sont victimes de violences et maltraitance. Une plateforme électronique a été mise en service, alors qu’un plan de financement pour doter les centres de plus de moyens a été validé. Les modalités d’échange des informations ainsi que la coordination requise entre les commissions préfectorales et provinciales de protection de l’enfance et les autres services publics décentralisés devront aussi se renforcer, avec en ligne de mire la lutte contre les abus et les violences commises envers des enfants vivant dans un état de précarité.
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco