Maroc

Projet de loi de finances 2026 : l’Istiqlal mise sur l’État social

En plein débat sur la future Loi de finances, l’Alliance des économistes istiqlaliens estime que la priorité devrait être donnée au renforcement de l’État social, à la stimulation de l’investissement privé, à la souveraineté sanitaire, alimentaire, hydrique, énergétique et industrielle, ainsi qu’au soutien du pouvoir d’achat. Les propositions de l’AEI dessinent une feuille de route qui conjugue urgence sociale et impératifs économiques.

Le budget 2026 est appelé à répondre aux tensions sociales et économiques dans un contexte aussi incertain que volatil. Et alors que s’ouvre le débat autour de la future Loi de finances, l’Alliance des économistes istiqlaliens (AEI) livre ses propositions.

En matière d’État social, l’AEI plaide, notamment, pour une accélération du déploiement des principaux chantiers. Le registre social unifié doit, selon les recommandations de l’Alliance, devenir l’outil central du ciblage. Il faudrait pour cela combler ses insuffisances actuelles par une révision des critères de calcul du «score RSU». Cette refonte permettrait un meilleur ciblage des bénéficiaires des aides directes, avec pour autre avantage d’actualiser les critères d’éligibilité.

Par ailleurs, l’AMO des travailleurs saisonniers devrait être aménagée de manière à garantir un maintien temporaire des droits sociaux malgré la précarité de l’emploi, tout en élargissant la base des contributeurs. Autres propositions : le doublement de la dotation destinée aux personnes en situation de handicap, l’amélioration du recouvrement des cotisations et une gouvernance modernisée de la sécurité sociale figurent également parmi les priorités.

Pour ce qui est de la consolidation de l’offre sanitaire, l’AEI estime qu’elle passe par une gestion plus efficace des urgences médicales, notamment via l’élargissement du champ d’action du SAMU aux secours sur la voie publique et par un renforcement de ses moyens financiers.

L’accélération de la mise en place de l’Agence du sang et l’implication accrue des conseils régionaux dans sa gestion apparaissent comme des chantiers urgents, tout comme la réforme tant attendue des retraites. L’interconnexion des caisses sociales et des organismes de santé, appuyée par une digitalisation généralisée des procédures, doit permettre de simplifier les démarches pour les ménages et d’assurer la continuité des droits.

Poursuivre la réforme IR, un impératif
Sur le plan du pouvoir d’achat, les économistes istiqlaliens estiment nécessaire de poursuivre le chantier de la réforme de l’impôt sur le revenu, entamée en 2025. Les tranches intermédiaires n’ayant pas bénéficié pleinement des ajustements, l’AEI propose d’élargir la tranche soumise au taux plafond de 34% à 240.000 dirhams, contre 180.000 DH actuellement. Une revalorisation automatique des salaires indexée sur l’évolution du coût de la vie est également mise en avant, tout comme l’application effective de la loi sur l’enseignement supérieur pour alléger le poids de la scolarisation des enfants.

La lutte contre la spéculation des intermédiaires, en particulier sur le marché des viandes, est considérée comme un levier direct pour réduire les prix. Côté fiscalité, un allègement ciblé pour les revenus modestes, associé à une plus grande progressivité, renforcerait l’équité et inciterait à la formalisation des activités.

Les économistes suggèrent aussi d’encourager l’épargne par l’adaptation des produits financiers, en relevant le plafond du plan épargne entreprise (PEE) à un 1 MDH, en augmentant l’abondement patronal annuel à 15%, tout en portant à 600.000 DH le plafond du Plan épargne logement (PEL) et à 500.000 DH celui du Plan éducation.

Emploi, des incitations à renforcer
Pour stimuler la création d’emplois de qualité, le ciblage des dispositifs doit être précisé et leur couverture géographique élargie. L’accompagnement des bénéficiaires et la coordination des acteurs apparaissent déterminants. Des incitations ciblées sont proposées, telles qu’une réduction de 50% des cotisations CNSS pour les nouvelles inscriptions durant les trois premières années.

Dans le même esprit, le dispositif de l’auto-entrepreneur gagnerait à être assoupli par un relèvement des seuils de chiffre d’affaires et une baisse de la retenue à la source de 30% à 20%, avec une déclaration simplifiée à fréquence trimestrielle. Le soutien aux recettes publiques passerait, de son côté, par une politique active de remontée des dividendes des entreprises publiques et de leurs filiales locales et régionales, sous un cadre réglementaire spécifique.

Enfin, la poursuite des grands projets d’investissement public doit aller de pair avec une rationalisation des coûts et une gestion active de la dette. Le milieu rural doit bénéficier d’une attention particulière. L’amélioration des rendements agricoles et de l’élevage, la poursuite de la politique de reconstitution du cheptel, la réorganisation de la filière laitière et la diversification des revenus constituent autant de pistes à explorer.

L’instauration d’un système de quotas à l’export pour certains produits de base, en proportion des volumes commercialisés, permettrait de protéger l’approvisionnement local. L’alliance appelle également à une nouvelle génération de programmes territoriaux, afin de réduire les inégalités sociales et régionales.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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