«Nous serons prêts pour la COP22»
Alors que le contrat-programme conclu entre l’État et la RADEEMA est avancé à hauteur de 60%, la régie compte aussi investir 1,9 MMDH sur la période 2016-2020 pour accompagner le développement de Marrakech. Rachid Benchikhi, DG de la RADEEMA, détaille les projets en cours ainsi que les préparatifs pour la COP22.
Les ÉCO : Vous venez de tenir votre Conseil d’administration. Comment avance votre contrat-programme avec l’État ?
Rachid Benchikhi : Le Conseil d’administration tenu, le 11 décembre 2015, a été consacré pour l’approbation du budget de l’exercice 2016 et le financement du programme quinquennal 2016-2020. S’agissant du contrat-programme, conclu entre l’État et la RADEEMA, en fin 2012, cette feuille de route, étalée sur la période 2013-2016, avance selon le calendrier initial. Preuve à l’appui, le taux d’avancement afférent aux réalisations frôle 60%. Le reste, sera accompli au cours de cette année. Il s’agit essentiellement de cinq projets.
Ces cinq projets sont-ils vos priorités pour l’année 2016 ?
Effectivement, notre priorité est de les terminer. Il s’agit de l’extension de la station d’épuration qui coûtera 220 MDH et la réalisation de l’unité de séchage solaire des boues, dont le montant est d’environ 150 MDH. S’ajoutent à cela, le renforcement des postes sources pour la sécurisation de la distribution d’énergie électrique à Marrakech et les grands collecteurs concernant l’eau potable et l’assainissement en plus de l’amélioration du rendement de réseau d’eau et électricité. Ce n’est pas tout : la RADEEMA qui dispose actuellement de 600.000 clients (300.000 pour l’eau et 300.000 pour l’électricité) va construire un grand réservoir au nord de Marrakech puisque la ville est alimentée par un seul point qui est Lalla Takerkoust. De ce fait, la ville sera dotée d’un second réservoir qui assurera l’alimentation à partir du barrage Al Massira, avec 30.000 m3. Ce projet coûtera près de 70 MDH, tandis que le montant pour la période 2016-2020 est égal à 1,9 MMDH. Au cours des 5 dernières années, la RADEEMA a investi annuellement 500 MDH avec un chiffre d’affaires avoisinant 2 MMDH et exploite les réseaux d’eau, d’électricité et assainissement d’une longueur globale de 8.800 km.
Des protestations ont été enregistrées à propos du système de facturation. Est-ce que le problème a été résolu ?
Cette problématique, posée au niveau de Marrakech en 2011-2012, est définitivement réglée. La régie a été amenée à travailler sur plusieurs aspects, notamment la distribution aux foyers de 48.000 compteurs individuels. Il faut dire que la RADEEMA a commencé cette opération de distribution de compteurs individuels avant les autres régies. En ce qui concerne, la transparence au sujet de la facturation, la régie a été dotée d’un système d’information très fiable avec une vulgarisation de la tarification auprès de nos clients. On a également adopté le paiement en ligne par internet avec une application téléchargeable. La RADEEMA est la seule régie qui a initié ces actions de e-paiement.
Qu’en est-il de la station d’épuration pour le traitement des eaux usées et y-t-il une adhésion totale de la part des industriels ?
Il n’y a pas encore d’adhésion complète de la part des industriels. Ces derniers ont été relancés à maintes reprises pour qu’ils fassent des prétraitements à la source, mais malheureusement, ils continuent toujours de déverser leurs effluents dans le réseau d’assainissement liquide, ce qui impacte les entrées au niveau de la station d’épuration. En effet, ce n’est pas un problème qui concerne uniquement la régie, mais il doit être chapeauté par les autorités afin de trouver une solution. D’ailleurs, la wilaya de Marrakech est en train de fournir des efforts pour faire aboutir ce projet de dépollution industrielle et faire adhérer l’ensemble des opérateurs.
Marrakech abritera la COP22. Comment la RADEEMA s’y prépare ?
J’étais présent à la COP21 en France avec une équipe centrale et locale. On a déjà établi les priorités pour préparer la COP22 à Marrakech dans le cadre d’une organisation nationale puisque l’ensemble des pouvoirs publics sont actuellement mobilisés pour accueillir 40.000 personnes lors de cet événement planétaire. En ce qui concerne la RADEEMA, on a l’obligation de la sécurisation de l’alimentation en l’eau potable, l’électricité et la gestion des eaux usées. Pour l’eau potable, on est en train de travailler avec l’ONEE (branche eau) pour simuler le climat pour la période de novembre où se tiendra l’événement en plus de la consommation de l’eau potable. Le constat est le même pour l’électricité. Je pense qu’il n’y aura pas de problème, puisque la ville de Marrakech est déjà rodée pour ce genre d’événements. Au niveau de l’environnement, notre station d’épuration, qui est une référence au Maroc puisqu’elle travaille avec le procédé de boues activées et le tertiaire pour arroser les golfs, a été choisi pour être présenté au niveau de la COP22.
Les terrains de golf utilisent de grandes quantités d’eau. Est-ce que le projet de réutilisation des eaux usées a été généralisé à l’ensemble des golfs ?
Le projet de la station d’épuration a coûté 1,2 MMDH, dont près de 480 MDH investis dans le tertiaire. C’est-à-dire, pour l’arrosage des golfs et les espaces verts. C’est un projet qui s’inscrit dans le cadre d’un partenariat public-privé. Le projet a été dimensionné pour 19 golfs et aujourd’hui, il n’y a que 8 golfs qui sont raccordés au réseau de distribution des eaux usées épurées. Cette donne nous a pénalisés surtout en termes d’exploitation du projet et son financement puisque l’eau épurée coûte plus cher. Elle est de 4,50 DH et on la vend à 2,50 DH. Donc, c’est une perte pour la régie. On n’aura l’équilibre que si le nombre de golfs dépasse 13 ou 14 parcours. Par contre, les pouvoirs publics sont en train de nous aider pour faire adhérer certains golfs à cette action. L’autre projet, en cours de réalisation, est l’arrosage de la palmeraie de Marrakech par les eaux épurées au profit de 400.000 palmiers.