Maroc

Mohamed Harakat : “La notation n’est pas une finalité en soi”

Mohamed Harakat
Économiste

Le 26 septembre, S&P livrera son verdict sur la qualité de la signature souveraine du Maroc. Au-delà de l’appréciation des marchés, l’échéance déterminera si l’économie s’abrite, ou non, sous le parapluie des perspectives du Mondial 2030.

La dette publique s’établit à 67,7% du PIB, avec une prédominance de l’encours intérieur. Ce profil d’endettement est-il de nature à rassurer les agences de notation dont S&P ?
Le poids de la dette est relativement élevé et demeure une charge pour les générations futures. C’est un engagement lourd, qui peut devenir insoutenable. En cela, la notation vise à mesurer la capacité d’un État à honorer ses dettes. Mais nous évoluons dans une économie mondiale instable, marquée par des conflits géopolitiques et une récession latente.

Tant que l’économie restera dominée par de grands groupes au détriment des petites et moyennes entreprises, qui sont pourtant le cœur du tissu économique et de l’emploi, le Maroc restera vulnérable. Nous faisons face à un problème de gouvernance avant tout. Il faut renforcer la concurrence, améliorer la transparence des comptes et orienter les investissements vers des secteurs productifs.

Comment la prochaine décision de S&P peut-elle influencer concrètement le coût de financement du Trésor et l’accès du Maroc aux investisseurs institutionnels étrangers ?
La notation n’est pas une fin en soi. Elle répond souvent à des considérations internationales et incite les États à recourir davantage au crédit. Le véritable enjeu réside dans la gestion de cette dette et dans la capacité des projets financés à répondre aux attentes de la population, qui en supporte le coût à travers l’impôt.

Les efforts budgétaires consentis ces dernières années ont-ils profité à la consolidation d’un modèle de redistribution équitable des richesses ?
Dans l’état actuel des choses, nous distribuons de la dette, pas de la richesse. Cela soulève le débat de l’utilité des grandes infrastructures qui devraient être accompagnées d’un effort orienté vers l’industrie, la recherche et les petites entreprises. Sans cela, la charge de la dette pèsera surtout sur les ménages et sur une classe moyenne déjà éprouvée.

Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO



Taux directeur : entre prudence et incertitude


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page