Maroc

Les marchés suspendus aux lèvres de Yellen

Janet Yellen, présidente de la Banque centrale américaine, la FED, a réussi à surprendre les intervenants des marchés cette semaine. La Réserve fédérale va poursuivre ses hausses progressives des taux d’intérêt en dépit d’importantes incertitudes sur la trajectoire de l’inflation.

Dans un long discours adressé à la National Association for Business Economics (NABE) à Cleveland, Janet Yellen (FED) a soufflé le chaud et le froid. Tout en reconnaissant que le taux bas de l’inflation était «un mystère», elle semble aussi persuadée que cette situation ne va pas perdurer. Selon elle, il est possible que la Fed ait «mal spécifié» ses modèles concernant l’inflation et «mal évalué» des données clés et la question de savoir si les anticipations d’inflation sont aussi stables qu’elles le paraissent. Yellen a, en effet, admis qu’elle et ses confrères – qui ont prédit sans succès depuis des mois un retour de l’inflation vers l’objectif de 2% – avaient peut-être mal jugé l’impact du fort marché du travail sur l’évolution des prix. Celle-ci n’est qu’à 1,4%, selon l’indice PCE que retient la Fed. Théoriquement, un taux de chômage très bas comme celui que connaissent les États-Unis (à 4,4%) aurait déjà dû faire naître des tensions inflationnistes à travers des hausses de salaires. Mais, a concédé Yellen, «certains observent que la faiblesse continue de l’augmentation des salaires est un signe que l’économie n’a pas encore atteint le plein emploi». Elle a aussi souligné que le nouvel environnement de la distribution en ligne jouait à la baisse sur les prix. «L’importance grandissante des achats en ligne, en augmentant la compétitivité du secteur de la distribution de détail, a réduit les marges et restreint la capacité des firmes à augmenter leurs prix», a-t-elle expliqué. Ce mea culpa sur les causes de l’atonie des prix a été dans un premier temps interprété de façon hésitante par les marchés, certains acteurs financiers y voyant une possible pause dans le resserrement des taux. Bien qu’il n’y ait pas pour le moment suffisamment de preuves d’une modification majeure dans la dynamique de l’inflation pour que la Fed revienne sur son programme de hausse graduelle des taux, Yellen a estimé que la Banque centrale devrait rester ouverte à cette possibilité. L’accès de faiblesse de l’inflation «reflète vraisemblablement des facteurs qui devraient s’estomper avec le temps», a-t-elle souligné. Malgré les «nombreuses incertitudes» concernant le comportement de l’inflation, Yellen estime qu’il «serait imprudent d’observer le statu quo en matière de politique monétaire jusqu’à ce que l’inflation retrouve un niveau de 2%. Aussi, si un resserrement «progressif» de la politique monétaire est approprié, «il faut se méfier de ne pas agir trop progressivement non plus», alerte la patronne de la FED.

En d’autres termes, aucun calendrier n’a été fixé pour le moment et le resserrement monétaire reste conditionné par les données économiques. «Si on ne continue pas à relever les taux à l’avenir, il y a un risque que le marché du travail passe en surchauffe, créant potentiellement un problème inflationniste qui sera difficile à maîtriser sans provoquer de récession», a-t-elle prévenu. Pour rappel, la Fed a quelque peu relevé les taux d’intérêt à trois reprises depuis l’élection de Donald Trump (en novembre 2016) et elle prévoit de les relever encore une fois cette année, probablement en décembre. Ces taux, qui fixent le coût de l’argent que les banques se prêtent entre elles, sont actuellement situés entre 1% et 1,25%.

Dans la foulée, le dollar s’est apprécié après ces propos. Les marchés des actions, quant à eux, sont globalement restés insensibles à ces annonces. Les réactions ont donc été assez modérées pour le moment. L’autre annonce majeure de la patronne de la Fed durant ces dernières semaines, c’est qu’elle commencerait en octobre à réduire la taille de son bilan. Après avoir ouvert les robinets pour stimuler une économie américaine sonnée par la crise des subprimes, la taille du bilan de la réserve fédérale américaine a été multipliée par cinq sous l’effet de sa politique de rachats massifs d’actifs sur le marché. Afin de rebooster l’économie américaine, la Fed était intervenue sur les marchés à trois reprises depuis 2009 pour racheter des milliards de dollars de titres (des bons du Trésor et des obligations adossés à des créances immobilières). Le but principal de ces opérations de marché était, en effet, de faire baisser le coût du crédit et d’injecter des liquidités en masse afin de faire repartir la croissance…sans faire grimper l’inflation.



Retraites des fonctionnaires : la cote d’alerte atteinte !


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page