Les rôles des sciences humaines et sociales (SHS) dans les sociétés contemporaines devront être repensés eu égard à leur intérêt dans l’épanouissement des individus et dans la critique des phénomènes sociaux a indiqué, mardi à Rabat, le ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Said Amzazi.
« Il faut repenser la formation et la recherche universitaires en SHS, notamment à tout ce que pourrait apporter par exemple un rapprochement de la sociologie et du droit avec les neurosciences pour répondre à la problématique de la violence et de la délinquance, ou encore avec les sciences de l’environnement pour trouver des solutions à la question du développement durable et du réchauffement climatique », a affirmé Said Amzazi à l’ouverture d’un atelier organisé sous le thème « Réflexions croisées sur la recherche et la valorisation scientifique en sciences humaines et sociales au Maroc ».
Il a, dans ce sens, appelé à la nécessité d’investir dans ce domaine de la connaissance afin de le valoriser, notant que la montée de la violence, de l’extrémisme et de la radicalisation, ainsi que la multiplication des conflits ethniques, des immigrations, du réchauffement climatique, de la révolution numérique, de l’augmentation de la précarité et du chômage, constituent autant de champs de questionnements pour ces sciences, dont la mission est d’apporter un regard le plus objectif possible sur ces réalités pour mieux les approcher dans une perspective critique, et pour en prédire les futurs possibles.
En matière de recherche scientifique, le ministre a relevé que les grands défis à surmonter en SHS à l’échelle nationale sont ceux de la langue et de la production scientifique, ajoutant que la langue française à elle seule ne permet pas un rayonnement international du savoir produit au Maroc comparable à celui de l’anglais, et encore moins de l’arabe.
Le ministre a, également, fait savoir que « les chercheurs en SHS restent très peu ouverts sur l’international et sur les thématiques de recherches scientifiques mondiales puisqu’ils travaillent à 70% sur des sujets marocains, ce qui a valu à la recherche en SHS au Maroc d’être taxée de localisme et de provincialisme par les analystes ».
De son côté, le secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Khalid Samadi, a passé en revue la stratégie du ministère visant à ne plus marginaliser les SHS, à travers le lancement d’appels d’offres pour la recherche dans les domaines des sciences humaines et sociales, la mise en place d’un forum des sciences et de la société dédié aux doctorants, en tant que plateforme de formation dans chaque université pour plus d’interaction entre les différentes spécialités, outre la stratégie nationale pour la formation des enseignants, surtout que le secteur de l’éducation nationale a besoin de 20.000 professeurs.
Pour sa part, la représentante de Bureau de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à Rabat, Golda El Khoury, a exprimé sa satisfaction concernant le climat culturel marocain, mettant en avant le projet lancé par l’UNESCO ayant pour but de mener des réflexions quant au rôle et la place des sciences humaines et sociales.
Elle a, également, salué la vision du Roi Mohammed VI visant à revoir les méthodologies et les manuels scolaires en vue de diffuser une culture d’ouverture, de paix et de tolérance et accepter l’Autre.
Golda El Khoury a, par ailleurs, exposé la stratégie de l’Organisation en conformité avec l’Agenda 2030 des Objectifs du développement durable (ODD), en vue de parvenir à « un nouveau système de gouvernance », à même de mieux comprendre la destinée commune de l’humanité, notant que les défis actuels nécessitent le renforcement des rôles des médiateurs et de pédagogues tout en se focalisant sur les dimensions humaines.
Cet rencontre a été organisée par le Centre interdisciplinaire de recherche en performance et compétitivité (CIRPEC) relevant de l’Université Mohammed V de Rabat, en partenariat avec le ministère de tutelle, la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et le Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST).
En marge de cet atelier, il a été procédé à l’inauguration du siège du CIRPEC à l’annexe de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales relevant de l’Université Mohammed V-Souissi, qui s’assigne pour objectifs de combiner entre l’expérience économique et la production scientifique pour une meilleure recherche dans les domaines juridique, économique et social et une gestion efficace des problématiques de la performance et de l’efficience.