Le marché européen en attente des chiffres sur l’inflation

L’Allemagne vient de publier les premiers chiffres de l’inflation qui montre une légère accélération en novembre. Les chiffres définitifs seront publiés le 13 décembre prochain. Les autres pays devraient également publier prochainement. Du coup, grâce à une conjoncture solide, le marché européen relâche un peu la pression avant les chiffres globaux.

Le marché européen de la dette s’est tendu mercredi, les investisseurs étant plus enclins à prendre des risques, notamment après de bonnes statistiques en Europe, et délaissant les obligations considérées comme des refuges. L’inflation allemande – dont les premiers chiffres ont été publiés mercredi dernier – a de son côté connu une accélération en novembre à 1,8% sur un an, tandis que la croissance de l’économie américaine a accéléré au 3e trimestre malgré le choc des ouragans, selon la seconde estimation du ministère du commerce, qui se révèle plus élevée que l’estimation initiale. La présidente de la Fed a réaffirmé devant le Congrès mercredi que la Fed allait poursuivre sa politique de relèvement graduel des taux d’intérêt, alors que la croissance économique a accéléré et a assuré que l’inflation basse, qui reste une interrogation pour les économistes, «reflète des facteurs temporaires». «Aujourd’hui, les chiffres de l’inflation en Allemagne et les propos de la présidente de la Réserve fédérale américaine, Janet Yellen, affirmant que l’inflation aux États-Unis se rapprochait de la cible fixée par son institution, ont montré que l’économie va mieux et ont redonné le goût du risque aux investisseurs», a expliqué à l’AFP Jean Sayegh, responsable de la gestion obligataire chez Lyxor. «Ces deux éléments ont fait un peu réagir des investisseurs qui se montraient jusqu’ici très optimistes par rapport à la poursuite de la politique monétaire et qui commencent à voir que des éléments macroéconomiques viennent corroborer les annonces de réduction du soutien des banques centrales», a-t-il complété.

L’inflation dans la zone euro s’est accélérée moins qu’attendu en novembre et reste à un niveau faible qui conforte la décision de la Banque centrale européenne de ne se désengager que progressivement de sa politique de soutien à l’économie et au crédit, montrent les chiffres publiés jeudi par Eurostat. La hausse des prix dans les 19 pays partageant la monnaie européenne ressort à 1,5% sur un an en novembre en première estimation, après 1,4% en octobre. L’accélération a été largement portée par la hausse des prix de l’énergie, qui a atteint 4,7% sur un an contre 3% en octobre mais les prix des produits alimentaires non transformés n’ont augmenté de leur côté que de 2,4%, contre 2,8% en octobre. En excluant ces deux éléments volatils, l’inflation dite «de base» est légèrement supérieure aux attentes, à 1,1% sur un an, inchangée par rapport au mois d’octobre, alors que le consensus était à 1%, a précisé l’Institut européen de la statistique. Bien que meilleur qu’attendu, ce chiffre suggère que les pressions inflationnistes sous-jacentes demeurent faibles. Face à une conjoncture solide et à l’accélération de l’inflation, le conseil des gouverneurs a décidé fin octobre de réduire de moitié le rythme des achats d’actifs de la BCE, qui vont passer à 30 milliards d’Euros par mois à compter de janvier 2018 et jusqu’en septembre, ou au-delà si nécessaire.

La BCE se montre optimiste sur les chances de voir la solide croissance en zone Euro ramener l’inflation dans les clous de son mandat mais se réserve tout de même la possibilité d’en faire plus si la situation économique devait l’exiger. L’Euro a creusé ses pertes face au dollar après la publication des chiffres d’Eurostat, revenant à 1,1815 dollar, en baisse de 0,27%, contre un peu plus de 1,1830 juste avant. Sur le marché obligataire, les rendements des emprunts d’État de la zone Euro se sont eux aussi orientés à la baisse, celui des titres allemands à dix ans perdant deux points de base en quelques minutes pour repasser sous 0,38%. En Bourse, les valeurs bancaires de la zone Euro cédaient parallèlement du terrain, leur indice Stoxx de référence ramenant sa progression à 0,4%.