Maroc

La refonte générale des programmes en stand-by

Le mauvais classement des élèves marocains dans les évaluations internationales interpelle sur la qualité des curricula nationaux. Il est ainsi urgent de procéder à une refonte globale et générale. Une mission ajournée jusqu’à l’installation de la Commission permanente des programmes stipulée par le projet de loi-cadre sur l’enseignement.

La réforme du système éducatif marocain tarde à être mise sur les rails, alors que la sonnette d’alarme est déclenchée depuis de longues années. L’heure est à l’accélération de la cadence car la qualité de l’enseignement au Maroc ne cesse de se dégrader, comme en témoignent les classements des élèves marocains dans les évaluations internationales. Le Maroc occupe, en effet, les derniers rangs dans le classement TIMSS qui concerne les mathématiques (Trends in International Mathematics and Science Study) et dans le classement PIRLS mesurant la maîtrise de la lecture chez les élèves de la quatrième année primaire. La banque mondiale a déjà tiré la sonnette d’alarme sur les conséquences de la détérioration du niveau scolaire des élèves. À titre d’exemple, l’absence de maîtrise de la lecture au niveau primaire produit des effets irréversibles sur le développement cognitif de l’élève tout au long de son parcours scolaire et affecte négativement sa productivité à l’âge adulte. Les mauvais scores du Maroc devront interpeller les pouvoirs publics sur les curricula et les programmes scolaires. N’est-il pas temps de les réviser de fond en comble en s’inspirant des expériences internationales les plus réussies ? Depuis 2002, le ministère de tutelle n’a procédé à aucune révision globale. Quelques réajustements ont été opérés au fil des années pour adapter le contenu scolaire aux nouveautés nationales, comme l’adoption de la nouvelle Constitution ou la création de nouvelles filières dans l’enseignement secondaire qualifiant. Or, il s’avère que les réformes partielles ne sont pas suffisantes. Il faudra attendre la révision du cadre juridique. En effet, tant que la loi-cadre de l’enseignement, qui stipule la mise en place d’une commission permanente chargée de cette mission n’est pas encore adoptée, la réforme globale est en stand-by. Aussi, il faut passer à la vitesse supérieure pour que cette instance puisse voir le jour le plus tôt possible. Il est grand temps de s’attaquer aux curricula,- qui sont une combinaison des programmes, des méthodes pédagogiques, du mode d’évaluation, des rythmes scolaires et des supports didactiques-, pour la modernisation du système éducatif marocain. En attendant l’institution de la commission permanente, le ministère est en train de conduire quelques réformes dont la mise en œuvre ne peut pas être ajournée, comme le souligne le directeur des curricula, Fouad Chafiqi.  C’est ainsi que pour la prochaine rentrée, le ministère vise à améliorer l’enseignement de l’arabe, du français et des mathématiques dans les deux premières années du primaire. Une action qui sera poursuivie pour la rentrée de 2019 avec les deux années suivantes (3e et 4e années primaires) dans l’espoir de la généraliser en 2020 à toutes les années de l’enseignement primaire. En parallèle, il est prévu de s’atteler à d’autres matières.

Défaillances à la pelle
Le ministère de tutelle est bien conscient de l’ampleur des lacunes à combler. Fouad Chafiqi en énumère quelques-unes, à commencer par les contenus qui sont devenus obsolètes par rapport au développement des savoirs. «Il est clair qu’un programme élaboré entre 2000 et 2002 a largement dépassé sa durée de validité», précise le haut responsable. À cela s’ajoute l’absence d’une structure pérenne permettant la révision continue des programmes et des curricula, contrairement à nombre de pays arabes et asiatiques. Le Maroc recourt à des commissions qui ont un caractère épisodique. En outre, la libéralisation de la conception préconisée par la Charte nationale est, certes, un bon système dans l’absolu permettant une émulation entre les auteurs. Mais dans les pays développés, les éditeurs de manuels scolaires ne sont pas aussi nombreux qu’au Maroc. À titre d’exemple, le Japon ne dispose que de six grandes firmes produisant les manuels scolaires et tous les outils didactiques, alors qu’au Maroc, on en compte au moins une cinquantaine. Aussi le choix est-il difficile pour les responsables du ministère ainsi que pour les enseignants. Une autre lacune est pointée du doigt : la méthode d’enseignement. Un manuel est une scénarisation du contenu d’enseignement. «Mais, les scenarii quand ils ne sont pas suffisamment expliqués aux enseignants, on perd l’essentiel, bien que les manuels d’éducation scientifique primaire n’ont rien à envier au niveau international». Chafiqi relève une faille de taille ayant trait au système d’évaluation qui est bien cadré au niveau de la fin des cycles. Mais, il y a un manque dans le cadre de référence pour le passage d’un niveau à un autre. Il faudra, ainsi, mettre à la disposition des enseignants des outils, des standards pour permettre d’évaluer le niveau de l’élève. D’autres problématiques peuvent être soulevées par l’analyse critique des programmes scolaires au primaire et au collège. Le département de tutelle vient de recevoir les analyses de terrain ayant nécessité une grande mobilisation des inspecteurs et des enseignants. 


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