Maroc

La refonte générale des programmes en stand-by

Fouad Chafiqi : «Nous attendons l’installation de la Commission permanente des programmes»

Fouad Chafiqi, Directeur des curricula au ministère de l’Éducation nationale

Les Inspirations ÉCO : Les élèves marocains sont mal classés dans les évaluations scientifiques internationales. Faut-il procéder à une nouvelle refonte globale des programmes ?
Fouad Chafiqi : Les élèves marocains sont mal classés par rapport aux 50 pays qui participent aux évaluations internationales. Le Maroc a osé participer à ces évaluations internationales alors que beaucoup de pays, même dans notre entourage géographique, ne le font pas. Notre participation nous permet d’avoir une vision claire du niveau de nos élèves. Néanmoins, quelques éléments sont à préciser pour relativiser le jugement. En effet, les évaluations internationales se font sur la base d’un curriculum hypothétique sur lequel les experts de l’association internationale d’évaluation se mettent d’accord. L’évaluation objective de nos programmes scolaires et nos enseignements dans les classes devra plutôt se faire sur la base du programme scolaire marocain. Lorsque nous avons analysé le programme de mathématiques TIMSS pour la 4e année primaire, nous avons découvert que notre programme scolaire couvre à peine 30% du curriculum hypothétique qui sert de base pour les questions posées.

Donc, Il y a de grandes lacunes à combler…
Un effort est à faire au niveau du curriculum scolaire. Nous n’avons pas pu chambouler les programmes scolaires ni des mathématiques ni des autres disciplines, car nous attendons l’installation de la Commission permanente des programmes qui doit voir le jour après l’adoption de la loi-cadre de l’enseignement. Indépendante du ministère, cette commission de sages sera chargée de mettre en place les grandes orientations pour les curricula. Il est à souligner, par ailleurs, que les grandes orientations pour l’enseignement des sciences et des mathématiques ne dépendent pas des vœux des pédagogues, mais plutôt des choix stratégiques du pays. Il faut que la commande au système éducatif provienne des programmes de développement stratégique du pays. Ce ne sont pas les inspecteurs ni les universitaires qui vont définir le contenu des programmes. En ce qui nous concerne, nous avons élaboré des préconisations qui vont être mises sur la table lorsque la commission permanente commencera son action. Nous avons déjà des pistes pour l’amélioration de ces programmes, même si nous croyons que le développement des programmes n’est que la partie visible de l’iceberg. La partie la plus importante est la formation et la qualification des enseignants et aussi l’élaboration des documents pédagogiques adaptés. Il faut évaluer les pratiques pédagogiques même lorsqu’on a des programmes dernier cri. Le benchmark international montre que les pays qui ont importé des curricula de pays développés ne sont pas mieux lotis que nous, car l’acteur principal est l’enseignant, les outils, l’adaptation au contexte culturel de ce qu’on enseigne et les rapports pédagogiques en classes.

La politique d’arabisation est pointée du doigt. Cette critique est-elle justifiée ?
Il faut positionner la question de langue d’enseignement dans son contexte historique. L’arabisation a été largement justifiée après l’indépendance du Maroc. Aujourd’hui, il n’y a aucun retour sur l’arabisation. L’arabe a sa place dans le système éducatif. Mais, nous avons l’obligation de préparer la génération future à être dotée de langues qui vont lui servir pour l’intégration dans le marché de l’emploi et le concert des nations. Notre pays aspire à être un acteur fondamental dans l’économie régionale et internationale. Cette ambition exige la maîtrise des langues. Je pense que se renfermer dans une langue, quelle qu’elle soit, est très appauvrissant pour un système éducatif.


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