Maroc

La méthode El Malki porte ses fruits

En dépit des critiques, le président de la Chambre des représentants dresse un bilan plutôt positif pour son institution. Habib El Malki, qui est parvenu à appliquer les dispositions du règlement intérieur de la Chambre basse en matière d’absentéisme, espère parvenir à changer l’image figée du Parlement héritée du passé.

Difficile de changer l’image écornée du Parlement. Les citoyens «sont restés prisonniers» de la perception qui a longtemps prévalu par le passé, malgré les importants changements dans les profils des parlementaires dont le niveau d’instruction est de plus en plus élevé, de l’avis du président de la Chambre des représentants, Habib El Malki qui tient à défendre bec et ongles son institution «ayant adopté une nouvelle culture». Dans un point de presse tenu hier à Rabat, il a dressé un bilan positif de la session automnale qui vient de prendre fin. Bon nombre d’indicateurs sont brandis à commencer par la lutte contre le fléau de l’absentéisme qui a marqué au fil des législatures l’action parlementaire. Contre vents et marrées, le règlement intérieur de la Chambre basse est enfin appliqué aux députés absentéistes sans raison valable. Quelque 40 représentants sont, jusque-là, concernés par les ponctions sur les rémunérations parlementaires qui sont de l’ordre de 1.200 DH par jour. El Malki a réussi là où ses prédécesseurs ont échoué à cause des pressions politiques. Le pari de l’application du règlement intérieur ne pouvait être gagné sans l’adhésion des différentes sensibilités politiques dont les chefs de groupes parlementaires. À cet égard, El Malki affiche la mine des grands jours : le taux de présence aux séances plénières des questions orales est de 80% et celui au sein des commissions permanentes atteint 75%. Mais, il faut préciser que ce taux est moins élevé lors du vote des projets de loi de la plus haute importance, comme la Loi de finances. Le dossier de la lutte contre l’absence des parlementaires nécessite une mobilisation permanente. Dans ce cadre, une grande responsabilité incombe aux présidents des groupes parlementaires pour améliorer davantage la présence des parlementaires au sein de l’institution législative. Il est à noter qu’à ce niveau-là, la Chambre basse fait beaucoup mieux que celle des conseillers. L’amélioration de l’action parlementaire est aussi tributaire de la qualité de la législation.

À ce titre, Habib El Malki affiche sa satisfaction de la qualité des textes adoptés au cours de la session automnale comme la loi portant sur la lutte contre les violences faites aux femmes ou encore celle relative à la réorganisation du Conseil national des droits de l’Homme. Mais, il reste encore des efforts considérables à déployer pour donner un coup de fouet aux initiatives parlementaires qui demeurent encore le maillon faible de la législation. En effet, les législatures se suivent et se ressemblent en la matière, en dépit des engagements gouvernementaux et de la ferme volonté des parlementaires de promouvoir l’adoption des propositions de loi. Au cours de la session précédente, la Chambre des représentants n’a pu faire passer que deux propositions de loi à la grande déception des représentants qui ont toujours pointé du doigt cette situation. On s’attend à rectifier le tir lors de la prochaine session printanière grâce à la nouvelle approche adoptée par le gouvernement pour le traitement de ce dossier. Sur le plan du contrôle, un nouveau mécanisme a vu le jour, celui du suivi des engagements du gouvernement à travers les déclarations des ministres aussi bien en séances plénières qu’en commissions. Le chef de gouvernement est saisi par écrit chaque semaine sur les promesses faites par les différents secteurs. Une manière de promouvoir la crédibilité du Parlement. La Chambre basse espère aussi résoudre la problématique ayant trait à l’absence des ministres concernés par les questions orales. Des discussions sont en cours avec le chef de gouvernement pour créer une nouvelle dynamique en la matière. La diplomatie parlementaire n’est pas en reste. Fini le tourisme parlementaire vertement critiqué lors des précédentes législatures ? En tout cas, il semble que le président de la Chambre basse veut insuffler une nouvelle dynamique à la diplomatie de proximité qui s’avère, on ne peut plus, cruciale dans les relations extérieures du pays notamment au niveau de l’Afrique, de l’Asie et l’Amérique latine.

Par ailleurs, la retraite des parlementaires reste une épine dans le pied de Habib El Malki qui essaie depuis des mois d’aplanir les différends entre les groupes parlementaires afin de trouver une solution consensuelle. Mais, les réunions se suivent sans que les différentes parties parviennent à un terrain d’entente sur ce dossier épineux qui divise même la majorité. En dépit des difficultés, le président de la Chambre des représentants paraît optimiste. L’espoir est de pouvoir accorder les violons entre les différents présidents des groupes parlementaires de la Chambre des représentants lors d’une réunion prévue lundi prochain. Sera-t-elle la réunion de la dernière chance ? El Malki se dit déterminé à œuvrer pour mettre en place la réforme tant attendue. La tendance générale au niveau de l’instance décisionnelle de la chambre n’est pas visiblement à la suppression du régime comme plaide le groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement, mais, plutôt à la réforme paramétrique. «La démocratie a un coût», tient à souligner El Malki qui salue la position d’El Othmani sur ce dossier. «Le chef de gouvernement a la volonté de trouver une solution sur la base du consensus au sein de la Chambre des représentants. Aussi, suis-je optimiste. En effet, je suis confiant dans l’engagement du chef de gouvernement», dit-il. Le déficit à combler est estimé à 45 millions de dirhams. La Chambre des représentants,- qui œuvre à l’indépendance financière du Parlement à partir de 2019-, ne pourra pas, à elle seule, le résorber. Ainsi, le gouvernement est appelé à mettre la main à la poche, car il s’agit «d’une responsabilité partagée», de l’avis du président de la Chambre basse qui déplore la marginalisation de ce dossier au cours des dernières années, alors que le gouvernement et le Parlement devaient suivre de près la situation financière de la caisse.


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