«La libéralisation de la basse tension baissera la facture électrique»

Abdellatif Touzani, expert en énergie & environnement
En marge de la journée organisée récemment à Casablanca par le Cluster efficacité énergétique des matériaux de construction (EMC), en collaboration avec le Centre de recherche thématique matériaux et énergie de l’Université Hassan II de Casablanca sur le thème : «le potentiel des schistes bitumineux dans la gestion de la facture énergétique pour les matériaux de construction», Abdellatif Touzani, l’un des intervenants soutient qu’il y a encore beaucoup à faire en matière d’efficacité énergétique au Maroc.
Les Inspirations ÉCO : Dans sa stratégie énergétique, le Maroc mise beaucoup sur les énergies renouvelables pour diminuer sa facture énergétique. Est-ce que les grands projets lancés dans le solaire et l’éolien permettront d’y arriver ?
Abdellatif Touzani : Oui à condition de respecter les délais des projets programmés et de promouvoir l’efficacité énergétique dans les trois secteurs clés, à savoir le transport, l’industrie et le bâtiment dont la facture énergétique ne cesse d’augmenter. Il faut aussi prendre en considération les prix du pétrole qui sont un facteur déterminant.
De plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer une libéralisation de la basse tension qui serait d’un grand apport dans cette baisse de la facture énergétique. Êtes-vous également de cet avis ?
Absolument, la libéralisation de la basse tension donnera un coup de pouce important afin de baisser la facture électrique dans le domaine du bâtiment et du tertiaire.
D’aucuns parlent aussi de l’efficacité énergétique qui pourrait jouer un grand rôle dans ce sens. Qu’en pensez-vous ?
L’efficacité énergétique est la première mesure à réaliser afin de réduire la facture énergétique. Elle vient avant les énergies renouvelables. Il faut absolument sortir les décrets d’application de la loi sur l’efficacité énergétique (47-09) qui tardent à voir le jour.
Vous affirmez que la valorisation des ressources naturelles et des sous produits locaux peut contribuer à l’efficacité énergétique de l’industrie nationale. Comment si nous prenons l’exemple des schistes bitumineux ?
Les schistes bitumineux ainsi que certains déchets peuvent en effet remplacer certains combustibles importés, ce qui permettra ainsi de réduire les sorties de devises.
Ce travail suppose que les industries soient en vraie connexion avec les centres de recherche. Or, ce n’est pas le cas actuellement, n’est-ce pas ?
Il faut à mon avis favoriser la création de clusters d’une part et d’autre part créer des bourses de déchets pouvant servir de combustibles.
Que faut-il aujourd’hui au Maroc pour que le monde économique et celui de la recherche travaillent main dans la main dans le domaine naissant de la transition énergétique ?
À mon avis, il faut initier une série d’actions parmi lesquelles figurent l’élaboration d’une collaboration entre les universités et la CGEM à travers la signature d’un contrat-programme ; la création d’une direction de recherche aux niveaux des universités et écoles supérieures avec la nomination de directeurs adjoints ou doyens adjoints s’occupant de la recherche scientifique et des relations extérieures avec le monde socioéconomique ; la création de revues scientifiques marocaines afin de permettre aux chercheurs de publier leurs travaux et la réglementation des bureaux d’études et laboratoires de recherche.