La Fuite : Le «vivre ou survivre» selon Paul-Bernard Moracchini

La rentrée littéraire s’annonce bien pour Paul-Bernard Moracchini, qui sort son premier opus «La Fuite» chez Buchet/Chastel. L’écrivain ose un roman sur la folie humaine et sur où elle peut conduire. Révélations.
Fuir une société dans laquelle on ne se retrouve plus, un quotidien étouffant, c’est ce que propose Paul-Bernard Moracchini dans un premier roman passionnant. Dans «La Fuite», l’écrivain relate l’histoire d’un personnage qui plaque maison, voiture, travail, quotidien stressant pour se retirer dans la montagne. Dès les premiers pages, le narrateur raconte son dégoût des gens et de la vie moderne avec un style brut, presque trash: «Plus je fuis et plus j’ai besoin de fuir plus loin encore. Mon seuil de tolérance envers mes semblables est au plus bas. Il ne s’agit plus de quitter le quotidien morne d’un carcan social, c’est au-delà…», révèlent les premières lignes du livre de Moracchini, un texte qui lui a déjà valu Le Prix du jeune écrivain de langue française. «J’ai commencé à écrire l’histoire en 2007, quand j’étais en fac de pharmacie. J’avais le début et la fin, c’est quasi-identique à ce que l’on trouve dans le livre aujourd’hui. C’est resté en suspens pendant très longtemps. Je m’y suis remis en 2012, à Bruxelles, et j’ai présenté une version écourtée en 2014», confie le jeune écrivain-musicien qui a opté pour des études scientifiques. «L’écriture a toujours été présente».
En effet, entre la chanson, la poésie et la littérature, Paul-Bernard Moracchini entretient une belle histoire d’amour avec le verbe. Sa plume à la fois tranchante et touchante est riche en rythme et en musicalité. «J’ai commencé à écrire dans un train, lors d’un aller-retour entre Marseille et Nice. Je passais beaucoup de temps en train», précise celui qui peut écrire n’importe où, pas forcément au calme, mais aussi dans la montagne, isolé de tout comme son personnage. «Ce n’est forcément une incitation à fuir !», prévient l’écrivain qui raconte la fuite mais surtout le revers de la médaille, puisque le narrateur est rattrapé par la réalité. Fuir n’est peut-être pas la meilleure des solutions. Cette envie de partir, ce besoin de tout quitter conduira à une dérive.
Cette solitude deviendra pesante et le narrateur, sans nom et sans passé, est au bord de la folie. «Je voulais que cela reste intemporel, sans pouvoir donner un lieu, une date, des noms. Peut-être par souci d’accessibilité, pour que tout le monde puisse s’identifier», ajoute Paul-Bernard Moracchini, qui est déjà bien avancé dans l’écriture de son prochain roman. Loin de l’univers de «La Fuite», l’écrivain suit l’histoire de trois narrateurs sur fond de période post-coloniale (Commonwealth et culture maorie). Une autre facette de ce jeune écrivain dont l’univers décalé n’a pas fini de surprendre. Plume à suivre…