«La décision royale facilitera l’insertion des Subsahariens au Maroc»
Le Collectif des travailleurs migrants au Maroc exprime sa satisfaction suite à la décision du roi Mohammed VI d’allonger à 3 ans minimum la durée de validité de la carte de séjour pour les étrangers résidant au Maroc. Interview avec son président Marcel Amiyeto.
Les Inspirations ÉCO : Quelle est votre réaction suite à la décision d’allonger la durée de validité de la carte de séjour pour les étrangers à 3 ans ?
Marcel Amiyeto : C’est avec énormément de satisfaction que nos deux associations, notamment le Collectif des travailleurs migrants au Maroc (CTMM) et Afrique culture Maroc (ACM) ont appris cette nouvelle, d’autant plus qu’elle a été prise un mois, jour pour jour, après le lancement de la 2e phase de la campagne de régularisation des étrangers en situation irrégulière. Nous nous réjouissons davantage de la promptitude avec laquelle les autorités et départements concernés se sont saisis de ce dossier.
Le Maroc satisfait-il les attentes des ONG défendant les droits des migrants ?
Je dirais que cette décision répond à l’une des recommandations constamment émises par les associations de défense des droits des migrants, dont Afrique culture Maroc et CTMM. Elle contribuera à favoriser, et pourquoi pas faciliter l’insertion socio-économique des Subsahariens au Maroc car il faut le dire, lors de la première phase de la campagne de régularisation, plusieurs migrants ont certes obtenu les cartes de séjour, mais puisque celles-ci n’étaient valides que pour un an, cela n’a pas forcément amélioré leur situation. Certains peinent toujours à s’en sortir sur le plan économique. En outre, les instructions royales pour la facilitation des procédures et la réduction du temps de délivrance des cartes de séjour viennent également pallier un défi auquel sont confrontés les étrangers depuis des années, qu’ils soient étudiants ou travailleurs…et peu importe leur durée de séjour au Maroc… Cette décision, qui intervient au moment où on s’y attendait le moins, nous pousse également à croire que notre travail n’est pas vain et qu’il est pris en compte par les autorités marocaines. Cela nous conforte dans nos efforts.
Avez-vous d’autres attentes ?
Nous souhaitons que les décisions prises en matière de gestion migratoire ne se limitent pas uniquement à Rabat. Elles doivent intégrer les politiques publiques des différentes régions et collectivités locales. Depuis 2015, la régionalisation avancée est entrée en vigueur au Maroc. Il s’agit aujourd’hui de la mettre au service de la gestion migratoire. Ce n’est que de cette façon que nous pourrons faciliter l’intégration des migrants au Maroc. À cet égard, nous saluons l’initiative de la région de l’Oriental qui a signé le 8 janvier dernier une convention-cadre de partenariat avec le ministère des MRE et des Affaires de la migration pour élaborer un mécanisme de consultation et de coordination dans le domaine de l’immigration et de l’asile. Nous lançons également un appel au gouvernement pour que la loi sur l’immigration et l’asile voit le jour pour abroger certaines dispositions contraires à cette nouvelle vision et remédier ainsi au vide juridique en matière d’accès des réfugiés et migrants vulnérables aux services sociaux de base. Nous appelons à plus de volonté politique pour traduire dans les faits la Stratégie nationale d’immigration et d’asile et plus concrètement les volets relatifs à la santé, aux logements sociaux, à la participation aux élections locales.
Estimez-vous que les Subsahariens sont bien intégrés dans la société marocaine ?
La question d’intégration regroupe plusieurs aspects. De ce fait, on ne peut l’aborder de manière simpliste. Elle dépend non seulement des politiques mises en place par les pouvoirs publics, mais relève aussi de la volonté des individus à s’intégrer. Avant, cette politique favorable n’existait pas, mais de nos jours, si les avancées de la nouvelle politique migratoire déclinées dans la Stratégie nationale d’immigration et d’asile sont mises en œuvre, les Subsahariens ont l’opportunité de bien s’intégrer. Cependant, il faut rappeler que les avancées de cette nouvelle politique migratoire ne profitent pas qu’aux Subsahariens, mais à tous les étrangers au Maroc. Et les grands bénéficiaires sont les ressortissants occidentaux. Ces derniers, contrairement aux Subsahariens, ont les moyens et n’attendaient que des politiques favorables pour les fructifier.
Soutenez-vous la réintégration du Maroc dans l’UA?
Le Maroc a été l’un des pays précurseurs de l’Union africaine (UA). Bien que s’étant retiré, il n’a cessé d’œuvrer pour le développement, la formation des jeunes Africains et la consolidation de la paix sur notre continent. Avec la vision de SM le roi pour un partenariat Sud-Sud dit «gagnant-gagnant» ; le leadership du royaume dans les énergies renouvelables et le développement bancaire, nous estimons que le Maroc doit retrouver sa place au sein de l’Union africaine. Ce retour ne va que conforter cette position et lui permettre de contribuer davantage au développement de l’Afrique. Nous exhortons l’Union africaine ainsi que les chefs d’États africains à tout mettre en œuvre pour que le Maroc retrouve très vite la place qui est la sienne au sein de la grande famille africaine.