Maroc

«La chute des matières premières est inquiétante»

Jean Christophe Battle : Responsable des régions Afrique et Méditerranée- Coface

Jean Christophe Battle, responsable des régions Afrique et Méditerranée chez Coface estime que la chute des prix des matières premières, notamment du pétrole, «n’est pas une bonne nouvelle» pour le continent.

Les ÉCO : Comment 2016 se présente-t-elle pour les économies africaines ?
Jean Christophe Battle :  Les situations sont très contrastées en Afrique. Le Maghreb est marqué par une croissance plus faible du fait de la croissance agricole, l’Algérie qui subit les impacts de la baisse durable des prix du pétrole et enfin la Tunisie qui reste dans une incertitude politique et un redémarrage économique plus long qu’anticipé. En ce qui concerne l’Afrique subsaharienne, vous avez de grands perdants et de grands gagnants liés à l’exportation de matières premières ou ayant diversifié suffisamment leur économie. L’Angola et le Nigeria seront des économies à la peine du fait que leur économie et leurs exportations sont très liées aux matières premières, tout comme le Gabon. L’Éthiopie et le Kenya devraient en bénéficier car leurs économies sont plus diversifiées et moins dépendantes des exportations de matières premières non renouvelables.  

Quelles régions porteront la croissance cette année ?
Cette croissance devrait être portée par l’Afrique de l’Est. En Afrique de l’Ouest, c’est la Côte d’Ivoire qui devrait être le moteur de la croissance.

Quels secteurs intéressent  les investisseurs ?
Avec 350 millions de consommateurs de la classe moyenne et un accroissement des villes de plus d’un million d’habitants, les besoins changent rapidement ! Nous pourrions citer les besoins en infrastructures dans les secteurs de la santé, de l’agriculture et de l’agro-industrie ainsi que les télécommunications et enfin les produits de consommation courante.     

La chute des prix des matières premières est-elle une bonne nouvelle pour les économies africaines ?
Non, car certaines économies africaines et non des moindres sont liées à l’exportation des matières premières (renouvelables ou non). Leurs économies, à ce jour, ne sont pas suffisamment diversifiées pour supporter une baisse durable. Ainsi le Nigeria, l’Angola, la Zambie et le Gabon  voient leurs exportations fondre en valeur. Cela entraîne des déséquilibres budgétaires et un affaiblissement de leurs devises qui renchérit leurs importations. A contrario,  le Maroc bénéficie pleinement du coût importé en baisse des matières premières non renouvelables (hydrocarbures) qui allège ainsi le coût du budget de l’État et des ménages, libérant de la capacité d’investissement qui peut s’avérer productive.

En dehors du continent, comment se profile la croissance mondiale ?
Globalement la croissance mondiale est estimée à 2,7% en 2016, contre 2,5% en 2015. Les éléments à surveiller cette année sont l’évolution de la Chine, la montée des risques politiques et la baisse du prix du pétrole. En ce qui concerne les pays émergents, la croissance devrait se situer autour de 3,9% après 3,4% en 2015. Il faut se rappeler qu’il n’y a pas si longtemps ces économies émergentes généraient 7% de croissance par an. Il faudra surveiller, dans ces pays l’impact de cette faible croissance mais aussi l’accroissement rapide de l’endettement privé.


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