«L’irrigation a sauvé la campagne agricole»
La Région Casablanca-Settat a produit, durant la campagne 2015-2016, plus de 5,1 millions de quintaux de céréales, contre 22 millions, au cours de la dernière campagne. Les systèmes d’irrigation ont permis ces résultats.
Les ÉCO : Quel est le bilan de la campagne agricole dans la Région Casablanca-Settat ?
Abderrahman Naili : L’irrigation a sauvé la campagne agricole dans la région. Il faut savoir que la région dispose de 140.000 ha irrigués dont 96.000 par la Grande hydraulique dans la zone Doukkala, alors que le reste se fait par pompage à partir des puits. Durant cette saison agricole, Casablanca-Settat a produit 5,1 millions de quintaux de céréales contre 22 millions, au cours de la campagne écoulée. La campagne agricole 2015-2016 s’est caractérisée par des conditions climatiques défavorables. Le cumul pluviométrique enregistré (245 mm) représente un sérieux déficit pluviométrique. Il a baissé de 43% par rapport à la moyenne et été accentué par une mauvaise répartition spatiale et temporelle, ainsi qu’une augmentation des températures. La campagne actuelle affiche le volume pluviométrique le plus faible des 30 dernières années. Les mois de novembre et décembre 2015 et les mois de janvier et avril 2016 ont connu un déficit pluviométrique accru. Le cumul des précipitations est quasiment nul au cours de décembre 2015. Les températures sont relativement élevées par rapport à celles de la campagne précédente de 2 à 3°C. Mais, malgré cette diminution, l’emploi s’est maintenu dans le rural grâce justement aux activités des zones irriguées.
Comment les eaux d’irrigation ont-elles été assurées ?
Devant cette situation, le programme d’irrigation des cultures emblavées au niveau du périmètre de la Grande hydraulique, au titre de la campagne 2015/16, a été assuré exclusivement par les eaux prélevées à partir du barrage Al Massira. La dotation d’eau allouée en début de la campagne pour l’irrigation du périmètre des Doukkala, qui était de 650 millions de m³, a été augmentée de 130 millions de m³, soit un total de 780 millions de m³. Ce qui a permis de satisfaire les besoins en eau des cultures emblavées, au titre de cette campagne dans les meilleures conditions et de réaliser, par conséquent, des résultats très satisfaisants notamment pour les principales cultures stratégiques pratiquées dans la région, à savoir la betterave à sucre, la céréaliculture et les cultures fourragères et de pallier le déficit pluviométrique qui a fortement affecté les zones bour.
Comment se décline le programme d’urgence qui a été lancé pour pallier au déficit pluviométrique ?
En effet, il est à noter que la campagne agricole 2015/16 a été marquée par la mise en eau du premier secteur reconverti en irrigation localisée dans le cadre du Programme national d’économie d’eau en irrigation, lancé dans le périmètre des Doukkala. Il s’agit du secteur Ouest 1 d’une superficie de 2.400 ha, touchant prés de 520 agriculteurs qui ont pu irriguer leurs cultures en adoptant le mode d’irrigation en goutte-à-goutte bien connu par ses performances en matière d’économie de l’eau, de la main-d’œuvre et des fertilisants ainsi que de l’amélioration de la productivité et de la qualité des productions agricoles. La reconversion de ce secteur en irrigation localisée s’inscrit dans le cadre de la première tranche du PNEEI des Doukkala qui porte sur la reconversion collective de cinq secteurs irrigués qui s’étendent sur une superficie de 10.700 ha et dont les quatre autres secteurs seront reconvertis avant l’année 2017. Une deuxième tranche qui s’étend sur 22.000 ha sera aussi lancée à partir de l’année en cours.
Quelle a été la situation en zone bour ?
La campagne agricole est performante en irrigué et délicate en bour. La superficie agricole totale dans la région est de 876.000 ha dont 120.300 en irrigué. Malheureusement 30% de la superficie, programmée pour les céréales et les légumineuses en bour, n’ont pas pu être emblavés à cause du retard et du déficit des précipitations. Cependant, la demande des agriculteurs a connu une hausse pour la betterave et la superficie emblavée par cette culture a augmenté de 5%, par rapport à la campagne précédente, malgré les conditions climatiques défavorables qu’a connues la campagne agricole en cours. Environ 118% des superficies ont été emblavées en cultures de printemps, notamment le maïs.
Comment se déroule la campagne de la betterave ?
La Région Casablanca-Settat a réalisé une campagne betteravière exceptionnelle. La récolte pour la campagne agricole en cours, atteint des sommets avec un rendement dépassant les 82 t/ha et avec une teneur en sucre de l’ordre de 18%. Le rendement brut en sucre bat aussi des records pouvant atteindre les 14 t/ha, avec parfois un pic de 16 à 17t/ha. La betterave sucrière a concerné 18.900 ha dans la zone irriguée, avec 7 à 10 tours d’eau d’irrigation selon les parcelles et les opérations d’entretien se sont déroulées dans de bonnes conditions.
La campagne d’arrachage de la betterave à sucre a démarré le 8 avril dernier pour une durée de 100 jours. Ces performances de record ont été rendues possibles grâce aux efforts fournis en matière de gestion, d’encadrement et d’introduction des nouvelles technologies. À commencer par l’introduction de nouvelles technologies en matière de semence avec la généralisation du monogerme, la généralisation de la mécanisation du semis, la rationalisation et la programmation de la fertilisation et la bonne programmation de l’irrigation et de l’opération d’arrachage. Par ailleurs, différentes dispositions et mesures ont été prises par la Direction régionale de l’agriculture pour la réussite de la campagne betteravière avec l’implication de tous les partenaires agriculteurs, betteraviers et agro-industriels. Un programme ambitieux d’animation et de communication a été aussi mis en œuvre aux niveaux régional, provincial et local.