Kenbib raconte l’histoire partagée des juifs et des musulmans au Maroc

L’historien dévoile la cohabitation harmonieuse entre les deux communautés sur le sol marocain. Il analyse également les facteurs de l’émigration des juifs marocains.
Pendant plus de 2.000 ans, le royaume a abrité une communauté juive qui vers le milieu du XXe siècle, étaient fortes de 250.000 âmes coexistant avec dix millions de musulmans. Les deux communautés ont, en plus des échanges culturels, commercé économiquement et mieux, se sont rapprochées dans la religiosité populaire et partagé le sentiment d’avoir une communauté de destin. C’est cette cohabitation harmonieuse et unique entre ces deux religions sur le sol marocain que dévoile l’essai historique : «Juifs et musulmans au Maroc», du professeur d’histoire et écrivain, Mohamed Kenbib. L’œuvre, qui a fait l’objet d’une conférence vendredi 20 janvier s’attache ainsi à étudier la diversité des fondements de leurs relations avec les autres populations, quels qu’en aient été les aléas et les turbulences.
À ce sujet, l’auteur met entre autres, en exergue une complémentarité économique à travers entre autres la division du travail avec des musulmans essentiellement agricoles et des juifs pour la plupart artisans et commerçants, sans toutefois ignorer la porosité entre les secteurs. Sur le plan culturel, Kenbib rappelle par exemple la curiosité du lecteur vis-à-vis de la référence explicite faite en 2011, cas unique dans le monde arabo-musulman, à l’«affluent hébraïque» de la culture marocaine, qui figure dans le préambule de la nouvelle Constitution du royaume.
L’historien analyse par ailleurs les bouleversements provoqués par la présence européenne, le protectorat, la deuxième guerre mondiale – principalement la Shoah – et le conflit du Moyen-Orient. «Autant de facteurs, souligne-t-il, qui ont entraîné l’émigration des juifs marocains qui, en l’espace 30 ans, n’a laissé qu’une communauté témoin». L’universitaire n’oublie pas d’évoquer les juifs du Maroc d’aujourd’hui, ainsi que les liens que gardent avec ce pays près d’un million de leurs coreligionnaires d’origine marocaine vivants pour la plupart en Israël, en France, au Canada et ailleurs dans le monde.