Maroc

Industrie : la mécanique en plein essor, l’agroalimentaire et le textile à la peine

L’industrie marocaine vit une mutation profonde. L’enquête d’avril, dévoilée par Bank Al-Maghrib, présente un paysage clivé où la mécanique prospère avec des carnets pleins, tandis qu’agroalimentaire et textile naviguent dans l’incertitude.

L’enquête mensuelle de conjoncture industrielle de Bank Al-Maghrib pour avril 2025 révèle une économie manufacturière en pleine recomposition. Menée du 1er au 29 mai auprès de près de 400 entreprises, avec un taux de réponse de 63%, cette enquête d’opinion fait apparaître des trajectoires diamétralement opposées selon les branches d’activité, remettant en question l’homogénéité apparente du tissu industriel national.

Alors que la production globale stagne et que le taux d’utilisation des capacités se stabilise à 79%, cette moyenne masque des réalités sectorielles contrastées qui dessinent les nouveaux équilibres de l’industrie marocaine.

Les résultats, pondérés selon les chiffres d’affaires de 2016, révèlent une polarisation croissante entre secteurs dynamiques et branches en difficulté, symptôme d’une transformation structurelle en cours.

La mécanique et métallurgie tire son épingle du jeu dans un contexte morose
Le secteur de la mécanique et métallurgie s’impose comme le véritable moteur de l’industrie marocaine en avril 2025, affichant des performances remarquables qui tranchent avec la morosité ambiante. Cette branche enregistre simultanément une progression de la production, une hausse des ventes sur les marchés domestique et international, ainsi qu’un accroissement des commandes.

Avec un taux d’utilisation des capacités de production culminant à 86%, ce secteur exploite au mieux son potentiel productif. Plus révélateur encore, la mécanique et métallurgie constitue la seule branche où les carnets de commandes se situent à un niveau supérieur à la normale, témoignant d’une demande soutenue et de perspectives encourageantes.

Cette performance exceptionnelle positionne ce secteur comme un îlot de prospérité dans un environnement industriel globalement atone. Les industriels de cette branche anticipent d’ailleurs une poursuite de cette dynamique positive pour les trois prochains mois, tant au niveau de la production que des ventes. La robustesse de ce secteur s’explique notamment par sa capacité d’adaptation aux besoins des marchés d’exportation et par les investissements réalisés ces dernières années dans la modernisation de l’appareil productif.

Cette performance contraste singulièrement avec les difficultés rencontrées par d’autres pans de l’industrie nationale.

L’agroalimentaire et le textile peinent à retrouver leur dynamisme
À l’opposé de cette réussite, les secteurs agroalimentaire et textile illustrent les difficultés structurelles que traverse une partie significative de l’industrie marocaine. Le secteur agroalimentaire, traditionnellement considéré comme un pilier de l’économie nationale, affiche une production stagnante en avril avec un taux d’utilisation des capacités limité à 70%.

Les ventes se sont repliées sur le marché local, même si les exportations ont progressé, suggérant une réorientation forcée vers les marchés extérieurs. Le secteur textile et cuir présente un tableau encore plus préoccupant, malgré une production en hausse portée par l’habillement et la maroquinerie. Les ventes ont reculé tant sur le marché domestique qu’à l’international, révélant des difficultés de positionnement concurrentiel.

Avec un taux d’utilisation des capacités de 81%, ce secteur peine à valoriser ses capacités productives par des débouchés commerciaux suffisants. Les commandes affichent également un repli, et les carnets se situent à un niveau inférieur à la normale.

Ces deux secteurs, qui emploient traditionnellement une main-d’œuvre importante, voient leurs carnets de commandes demeurer sous les niveaux habituels, soulevant des interrogations sur leur capacité à maintenir les emplois et à contribuer efficacement à la croissance économique. La stagnation des commandes dans l’agroalimentaire et leur baisse dans le textile signalent des défis durables nécessitant des ajustements stratégiques.

Des perspectives incertaines qui reflètent une industrie en mutation
Les anticipations des chefs d’entreprise pour les trois prochains mois révèlent une prudence généralisée qui témoigne des incertitudes pesant sur l’évolution de l’industrie marocaine. Si la majorité des secteurs, y compris l’agroalimentaire et le textile, prévoient une amélioration de leur production et de leurs ventes, ces prévisions optimistes sont tempérées par des doutes significatifs quant à leur réalisation effective.

L’expression d’incertitudes par plus d’une entreprise sur cinq, proportion atteignant 31% dans l’agroalimentaire, illustre la difficulté des industriels à anticiper l’évolution de leur environnement économique.

Cette prudence contraste avec la confiance affichée par le secteur mécanique et métallurgie, seul à maintenir des perspectives résolument positives.

La chimie et parachimie occupe une position intermédiaire avec un profil ambivalent, un recul de la production, mais une progression des ventes, et des anticipations de hausse productive accompagnées de prévisions de baisse des ventes. Cette apparente contradiction souligne la complexité des ajustements en cours dans ce secteur stratégique.

M.I. / Les Inspirations ÉCO



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