Maroc

«Il faut de la volonté politique pour développer le tourisme en Afrique»

Carlos Vogler : Directeur et secrétaire exécutif à l’Organisation mondiale du tourisme (OMT)

Le développement du tourisme en Afrique requiert une plus forte volonté politique des états africains. Tel est l’avis de Carlos Vogler, directeur et secrétaire exécutif à l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). En outre, ajoute-t-il, le continent doit poursuivre ses efforts pour venir à bout des problèmes de perception dont il est victime.

Les ÉCO : Au niveau de l’OMT, quelle lecture faites-vous de l’évolution du tourisme en Afrique ?
Carlos Vogler : Nous voyons que l’Afrique a un potentiel touristique très riche et très important. Le continent a cependant des défis à relever, notamment les difficultés qui ont eu à affecter les chiffres du tourisme en Afrique en 2015. L’Afrique a réalisé des résultats en dessous de la moyenne mondiale.
Le continent continue de souffrir d’une perception qui est loin d’être la réalité. Les problèmes liés à l’épidémie Ebola, à la sécurité et à la stabilité politique dans certains pays ont contribué aux résultats pas très reluisants enregistrés par le continent. Malgré tout, pour 2016, nous pensons que de grandes opportunités commencent à se présenter pour l’Afrique. La situation se stabilise et elle devrait être plus favorable.

Que doivent faire les États africains pour mieux développer le secteur touristique ?
Je pense que les États africains doivent surtout faire preuve de volonté politique afin de hisser le tourisme parmi les priorités de leurs agendas politiques. Il faudrait qu’ils donnent suffisamment d’appui et de pouvoirs aux ministères en charge du Tourisme. Cela permettra de développer les conditions qui faciliteront la mise en place de stratégies d’attractivité touristique. La volonté politique est l’une des choses les plus importantes pour le tourisme en Afrique.

En dehors de cette volonté politique, quels sont les autres chantiers à mener sur le terrain ?
Il faut améliorer les infrastructures, notamment la connectivité et la qualité des produits. L’innovation de ces produits est aussi un chantier important à mener, et surtout l’image de marque des destinations africaines. Ainsi, le potentiel touristique sera mieux connu en dehors de l’Afrique. Cela contribuera aussi à lutter contre les stéréotypes.

Mais la destination Afrique reste chère, notamment les coûts du transport aérien…
Oui, mais il faut aussi savoir que les coûts évoluent selon la loi de l’offre et de la demande. Quand la demande n’est pas très forte, l’offre suit et les prix s’envolent. Si on arrive à stimuler la demande à travers des produits novateurs, la demande pourra se développer, et par conséquent, la concurrence qui fera baisser les prix. Le prix est certes un facteur important, mais il faut positionner l’Afrique en mettant en avant tous ses atouts, pour en faire une destination plus convoitée. En un mot, il faut travailler sur le produit.

Dans cet environnement, comment voyez-vous l’exemple du Maroc ?
Le Maroc est un leader et une référence dans le secteur touristique de la région. C’est un marché très consolidé et qui a réussi à faire un travail impeccable lors des dernières années. Le positionnement du Maroc dans les marchés internationaux est très important. Le Maroc a été à la tête de plusieurs initiatives, surtout en ce qui concerne le tourisme durable. Le Maroc est aujourd’hui la première destination en Afrique avec une offre de qualité, des infrastructures performantes, une capacité d’inclusion de la main-d’œuvre dans le secteur touristique. La destination Maroc est devenue une référence en Afrique.


 

Repli de 1% du tourisme en Afrique en 2015

Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), basée à Madrid, le nombre de voyageurs a augmenté de 4,4% en 2015 dans le monde. En tout, près de 1,18 milliard de personnes ont fait du tourisme à l’étranger l’année dernière, soit une augmentation de 50 millions par rapport à 2014. Cette reprise du marché mondial contraste toutefois avec la perte de vitesse des destinations africaines. En effet, en Afrique du Nord, la fréquentation a chuté de 8% en 2015 et celle de l’Afrique subsaharienne de 1%, conséquence pour partie de l’épidémie d’Ebola. Aussi, certaines destinations en ont beaucoup souffert. C’est le cas de la Tunisie, frappée en mars et juin par des attentats contre le musée du Bardo et une station balnéaire près de Sousse. Le nombre de touristes étrangers a dégringolé de 7,2 millions en 2014 à 5,4 millions. Pour sa part, le Maroc a été consacré première destination africaine par un rapport de la Banque africaine de développement (BAD) et qui se base sur des chiffres de 2014.


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