Ifrane : Les hôtels affichent complet
Pour fuir la canicule, la ville d’Ifrane présente une destination favorable pour le tourisme interne. Durant les mois de juillet et août, les établissements hôteliers affichent un taux d’occupation de 94%. L’activité touristique dans la ville constitue un vecteur de création d’emplois avec plus de 300.000 journées de travail par an.
En cette période d’été, les habitants de la ville de Fès, Meknès, cherchent des refuges pour fuir les effets de la canicule. L’endroit le plus prisé n’est autre que la ville d’Ifrane, dont la température est souvent inférieure de 10 à 14 degrés par rapport aux autres villes de la région où le thermomètre affiche entre 39 et 45 degrés.
En sondant les hôteliers de la ville, nous avons constaté que la plupart des établissements affichent complet en ces mois de juillet et août, période durant laquelle les touristes viennent des différents coins du Maroc. Selon une source fiable, le taux d’occupation se situe actuellement autour de 94%. Ce taux est appelé à augmenter avec le flux des vacanciers qui ont pris leur congé à partir du premier août. Mais malgré cela, les opérateurs hôteliers de la ville ne cachent pas leur mécontentement pour cette période estivale qui a été influencée par le mois de ramadan. «C’est la 4e année consécutive que le mois de ramadan tombe en l’été. Cette année une bonne partie de la saison estivale a été impactée par le changement des habitudes de voyage des résidents ainsi que d’autres marchés qui ont programmé leur congé après le Ramadan», explique un hôtelier à Ifrane.
À cela, s’ajoute l’informel (logement chez des particuliers et la location des résidences secondaires). Ce type d’hébergement impacte négativement les nuitées et les dépenses générées par les touristes échappent aux statistiques. Il représente aussi une source de mécontentement des professionnels du tourisme à Ifrane qui se plaignent de la concurrence déloyale.
Offre touristique
Concernant la capacité d’accueil, celle-ci a considérablement augmenté suivant la tendance haussière du secteur du tourisme dans la ville. En effet, cette dernière comptait 22 établissements d’hébergement touristique classé (EHTC) en 2010 d’une capacité de 1.600 lits classés. À fin 2015, l’offre en hébergement touristique classé a atteint 70 EHTC toutes catégories confondues. Ces établissements comptent 3.416 lits affichant ainsi une augmentation substantielle de l’ordre de 113% par rapport à 2010, et ce, grâce à la réalisation de 700 lits en résidences hôtelières dans le cadre du plan Biladi, l’ouverture d’autres nouveaux établissements d’hébergement ainsi qu’à l’opération de régularisation du non classé. Ainsi, les statistiques de la délégation ont montré une prédominance des hôtels.
Ce type d’hébergement arrive en tête avec 1.267 lits, soit 38% de la capacité totale, dont 140 lits, au sein du seul hôtel classé «Luxe» dans le territoire Maroc Centre, suivis des résidences hôtelières avec 1.247 lits, soit 27%. Viennent ensuite les auberges et les gîtes avec, respectivement, 10 et 7%. La répartition géographique de la capacité d’hébergement touristique classé dans la province fait ressortir que la ville d’Ifrane se taille la part du lion soit 60% de la capacité totale, suivie de la ville d’Azrou avec 13% et la commune rurale Ben Smim avec 9%. Sur un autre registre, concernant l’hébergement social et associatif, il existe 60 centres d’accueil et d’estivage relevant des différentes fondations des œuvres sociales des secteurs privés et publics, totalisant une capacité litière de plus de 2.400 lits. Ainsi, 6 sites abritant les colonies de vacances représentent environ 40% du volume dans le royaume.
Demande en hausse
En chiffres, ce sont 74.163 touristes qui ont visité Ifrane en 2015, ce qui correspond à une progression à trois chiffres, soit 141% par rapport à 2010. La même tendance haussière a été observée au niveau des nuitées. Le nombre de nuitées générées par les visiteurs a atteint 196.366 en 2015, marquant ainsi une forte progression de l’ordre de 196%, en comparaison avec l’exercice 2010. Ainsi, pour l’année 2015, le taux d’occupation s’est établi à 25%, contre 17% en 2010, soit un accroissement de 8 points. L’analyse de l’intensité des flux des visiteurs permet de distinguer deux périodes très nettement contrastées : La haute saison (janvier, avril, juillet et août) est la période la plus vendue, car elle correspond aux vacances d’été, vacances solaires et congés administratifs… le pic de la saison est enregistré durant le mois d’août. La basse saison (février, mars, juin et octobre) où l’affluence est moindre, ce qui se ressent sur les arrivées, les nuitées et les taux d’occupation. Pour le mois de décembre, le bilan de l’activité touristique a été négatif, vu l’absence de la neige durant cette année. Il faut noter que le tourisme interne a généré, à lui seul, 161.814 nuitées soit 83% des nuitées globales, inscrivant ainsi une progression de 5%, par rapport au même mois de l’année antérieure. Les non-résidents sont à l’origine de 34.657 nuitées contre 26.739, une année auparavant. Ce chiffre a progressé de 30% par rapport à l’année 2014.
Création d’emplois
Cela dit, l’activité touristique dans la ville constitue un vecteur de création d’emplois, avec plus de 300.000 journées de travail par an. Elle procure aux communes des revenus annuels d’environ 30 MDH. La ville abrite la plus grande réserve des cèdres du monde, avec presque 48.687 ha. Pour les ressources hydriques, la ville dispose de 300 millions m3 des eaux souterraines et de 400 millions m3 des eaux superficielles. Elle alimente 70% des bassins de Saiss et Baht et contribue à y développer des richesses agronomiques. Les 30% restants sont utilisés pour l’eau potable (22 millions m3) et l’irrigation (158 millions m3).
Le Parc national d’Ifrane constitue l’un des atouts touristiques les importants de la région. Il s’étend sur 125.000 ha. Sa délimitation suit le contour des zones les plus sensibles sur le plan écologique : les forêts d’altitude (la plus grande cédraie labellisée Réserve de Biosphère par l’UNESCO, le 19 mars 2016), les plateaux, les crêtes assylvatiques, les zones humides. Sur le plan altitudinal, il se trouve entre 1.300 et 2.400 m, incluant toute la cédraie de la province.
Il renferme, ainsi, 1/10 de la superficie mondiale du cèdre de l’Atlas, 1/4 de la population mondiale du singe magot et 2 zones humides classées site RAMSAR, depuis 1980 (Afenourir et Tifounassine). Ainsi que d’autres Sites d’intérêt biologique et écologique (SIBE) terrestres et humides. Le parc offre également une véritable réserve naturelle où est représentée une variété d’essences floristiques, dont plus de 1.015 espèces végétales, soit plus de 22% de la flore marocaine et un fort taux d’endémisme (25%).