Handicapés mentaux : Sur le chemin de l’intégration professionnelle

Le nouveau Centre d’intégration et d’aide par le travail est un pas majeur vers l’insertion des personnes en situation de handicap. Il offre un environnement dédié à une population à besoins spécifiques.

Inauguré il y a une semaine par le roi, le Centre d’intégration et d’aide par le travail (CIAT), projet pilote, est la preuve tangible qu’un handicapé mental peut être un citoyen à part entière, productif, capable de gagner de l’argent en travaillant et même de subvenir aux besoins de sa famille. C’est le cas de Hassan Echarqui, trisomique, lauréat en restauration, médaillé d’or en natation aux jeux olympiques des personnes à besoins spécifiques aux États-Unis. Il est l’un des 41 handicapés mentaux à profiter d’une intégration totale au CIAT. Sourire aux lèvres, sérieux et appliqué, Hassan accueillera bientôt les clients du restaurant du centre qui sera ouvert aux clients rbatis, slaouis et autres.

Durant une visite de presse, jeudi dernier, au CIAT à Salé, tout le monde était agréablement surpris de découvrir un centre aux normes mondiales qui réponde parfaitement aux besoins de cette population de Marocains. Forts d’une formation diplômante, ces 41 bénéficiaires ont un salaire qui correspond au Smig, une couverture sociale et médicale et une retraite. Bref, tous les droits inhérents à une occupation professionnelle en bonne et due forme.

C’est aussi, comme l’a expliqué, Dr Khalid Benhassan, directeur du Centre national Mohammed VI des handicapés (CNMH), une expérience qui montre la voie au gouvernement, à l’administration et aux entreprises, à plus forte raison que ce plaidoyer pour l’intégration des handicapés dans le monde du travail est corroboré par un projet de loi qui est actuellement en discussion au Parlement. Il faut aussi savoir que la disposition inscrite déjà dans un texte de loi selon laquelle l’administration doit recruter 7% de personnes à besoin spécifique n’a jamais été appliquée. En tout cas, la nouvelle législation comporte aussi un quota à respecter et surtout des mesures incitatives pour l’entreprise qui fait le choix de recruter des handicapés.

C’est en fait une obligation si l’on tient compte de la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées qui stipule que toutes les personnes en situation de handicap doivent avoir «la possibilité de gagner leur vie en accomplissant un travail librement choisi ou accepté sur un marché du travail et un milieu de travail ouvert, favorisant l’inclusion et accessible aux personnes handicapées».

Le CIAT présente aujourd’hui cet avantage d’offrir un environnement parfaitement adapté aux attentes et besoins des personnes en situation d’handicap mental. Le matériel utilisé au niveau de tous les services de production répond aux normes indiquées pour ce type de population. Véritable modèle, le centre met ses bénéficiaires dans de vraies situations de travail, assurant ainsi le développement de leur identité professionnelle, l’autonomie financière, l’estime de soi et la reconnaissance de l’autre. En somme, les bases fondamentales pour une participation active à la vie sociale.

36,5 MDH d’investissement

Réalisé par la Fondation Mohammed V pour la solidarité avec un investissement de 36,5 MDH, le CIAT comporte 6 unités, à savoir l’agriculture et l’élevage bio, le jardinage et pépinière, le service de restauration, les boulangerie et pâtisserie et le montage de chaises roulantes. Le centre, qui fonctionne comme une entreprise multiservices, vise à doubler sa capacité d’accueil à fin 2016 pour arriver à 150 bénéficiaires en 2017. Le centre dispose aussi d’annexes à Bouknadel pour la production agricole bio et Guiche Loudaya à Témara pour le service de blanchisserie et la vente en magasins. Il compte parmi ses équipes 4 éducateurs spécialisés, 10 techniciens, une assistante sociale et deux infirmiers.