Maroc

Hausses salariales : la maîtrise de l’inflation en ligne de mire

Les annonces du gouvernement concernant l’évolution des salaires dans les secteurs public et privé traduisent une volonté assumée d’agir sur le levier du revenu. Parviendront-elles pour autant à compenser l’érosion du pouvoir d’achat provoquée par cinq années de pression inflationniste?

Le ministre de l’Inclusion économique s’est félicité, lors des célébrations du 1er mai, d’un relèvement du salaire moyen net dans la fonction publique, passant de 8.237 dirhams en 2021 à 10.100 dirhams prévus début 2026. Un bond de 22,6% sur cinq ans, qu’il attribue à une série de mesures sectorielles, notamment dans l’éducation, la santé ou l’enseignement supérieur.

Du côté du privé, l’augmentation du SMIG a atteint 20%, pour s’établir à 3.191,85 dirhams en janvier 2026 contre 2.638 dirhams en 2021. Une hausse «inédite» selon le ministre, qui souligne par ailleurs l’effort entrepris dans le secteur agricole, encore loin du principe d’unification salariale, mais qui affiche une progression de 27% sur la même période.

Cette politique volontariste vient en réponse aux sollicitations des syndicats, après l’appel de l’Union marocaine du travail (UMT) à augmenter le salaire minimum et à protéger le pouvoir d’achat des ménages.

Dans ce cadre, Miloudi Moukharik, secrétaire général de la centrale syndicale, a souligné, lors du rassemblement organisé par cette dernière à l’occasion de la Journée internationale du travail, la nécessité d’adopter des politiques publiques appropriées et d’accorder à la question sociale la place et la priorité qu’elle mérite, afin d’atténuer les effets des transformations actuelles sur la classe ouvrière comme sur l’ensemble des citoyens. Il a exhorté le gouvernement à relever le salaire minimum, à augmenter les allocations familiales et à mettre en œuvre un système de révision automatique des salaires et des prix.

Érosion du pouvoir d’achat
Toutefois, les augmentations salariales doivent être appréciées à l’aune de l’évolution du coût de la vie. Selon les dernières données de Bank Al-Maghrib, l’inflation cumulée sur la période 2021–2025 atteint 18,2%, avec un pic à 6,6% enregistré en 2022, alimenté par la flambée des produits alimentaires, des carburants et des taux d’intérêt. Et si les projections pour 2025 et 2026 tablent sur un retour progressif vers les 2%, les effets d’inertie restent présents dans les dépenses quotidiennes.

En d’autres termes, l’écart entre la progression des salaires et la hausse des prix tend à se resserrer. Et à en croire plusieurs économistes, il reste trop marqué pour traduire un véritable redressement du pouvoir d’achat.

Ainsi, la revalorisation salariale vient surtout compenser l’érosion du pouvoir d’achat dans la durée, sans pour autant parvenir à initier un véritable cycle d’amélioration du niveau de vie des ménages. La baisse de l’impôt sur le revenu, entrée en vigueur en janvier 2025, a bien produit un allègement moyen estimé à 400 dirhams pour les familles à revenus intermédiaires. Mais là encore, les effets se heurtent à la structure même de la consommation.

Car, selon le HCP, les postes alimentaires et énergétiques représentent plus de 60% du panier des ménages modestes, très sensibles aux fluctuations des prix en vigueur à l’échelle internationale.

Dans ce contexte, le gouvernement met en avant une réponse plus large, articulée autour de la généralisation de l’AMO Tadamoun, du soutien au logement ou de la réforme des retraites dans le privé. Des chantiers structurants, adossés à des équilibres budgétaires fragiles et à la volonté d’élargir le cercle des bénéficiaires.

Leur effet concret sur les conditions de vie demeure pourtant tributaire d’une inflation encore instable, davantage sensible aux facteurs exogènes. Si le discours du 1er mai affiche une dynamique sociale assumée, il révèle surtout la difficulté pour l’Exécutif de suivre le rythme d’une hausse des prix qui continue, malgré les efforts consentis, à devancer celle des salaires.

Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO



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