Garantie institutionnelle : Comment renforcer l’expérience marocaine
Le Maroc est sur la bonne voie en matière de garantie institutionnelle comme en témoigne sa position en comparaison avec des pays similaires dans la région MENA. Mais, il reste nombre de défis à relever. Un constat dressé lors du troisième forum international sur la garantie institutionnelle tenu à Marrakech les 26 et 27 octobre et visant le renforcement de la coopération entre les institutions de garantie de la région.
L’expérience marocaine en matière de garantie institutionnelle est la plus ancienne dans la région MENA. En 70 ans d’existence, plusieurs phases ont marqué l’évolution de la Caisse centrale de garantie, née en 1949. En dépit des progrès réalisés qui inspirent d’autres pays voisins, il reste encore à répondre à nombre d’enjeux ; et à leur tête l’élargissement du financement bancaire à certaines cibles peu servies notamment les toutes petites et micro-entreprises, la satisfaction encore davantage de certains besoins spécifiques de financement tels que les financements de fonds propres ou de création d’entreprises, comme le souligne Abderrahim Bouaza, directeur général de la Banque centrale qui supervise la caisse depuis 2006.
L’enjeu est de pouvoir, à l’avenir, mieux accompagner les entreprises innovantes. Le partenariat avec les représentants du secteur privé devra se renforcer de plus en plus. Il faut dire que le rôle de la garantie institutionnelle est fondamental dans un contexte national et international difficile avec une croissance ralentie, selon les représentants du secteur privé. Outre les entreprises et les banques, la Caisse centrale de garantie est un troisième pilier important qui joue le rôle de levier économique car elle s’adresse avant tout à la TPME, selon le vice-président de la Confédération générale des entreprises du Maroc Salah-Eddine Kadmiri. La CGEM estime que la Caisse centrale de garantie doit aider le secteur privé à dépasser le cap qualitatif et quantitatif de prise de risque supplémentaire pour allumer la flamme des start-up de PME innovants sans pour autant négliger le soutien aux métiers traditionnels. La sensibilisation est de mise pour informer les entrepreneurs dans les quatre coins du Maroc des procédures mises en place et des mécanismes de financement. Il s’agit d’une responsabilité partagée entre les différents acteurs agissant dans le secteur. À cela s’ajoute un enjeu de taille, de l’avis de la CGEM : la nécessité de la dématérialisation des process pour accélérer les prises de décisions bancaires sur le plan décentralisé ainsi que de l’assouplissement des procédures. En tout cas, la volonté est affichée pour poursuivre le développement de la garantie institutionnelle au Maroc qui a connu plusieurs évolutions.
Le directeur général de cette caisse Hicham Znati Serghini a tenu à souligner que l’étape la plus importante est celle de 2007 lorsque les pouvoirs publics ont initié une réflexion sur le devenir du système de garantie dans l’objectif de rationnaliser et de renforcer son intervention. Une nouvelle vision a été mise en place en 2009 définissant clairement le rôle de la caisse en tant qu’acteur public unique en matière de garantie institutionnelle. Serghini affiche la mine des grands jours au vu «des résultats positifs enregistrés avec une évolution exponentielle de son activité en faveur des entreprises dont le volume des crédits garantis a quadruplé au cours des dernières années». À cela s’ajoute l’expérience pionnière marocaine en matière de facilitation de l’accès au financement du logement grâce à la garantie institutionnelle au profit des milliers de familles à revenu modeste ou non régulier mettant ainsi fin à des années d’exclusion du circuit classique du financement bancaire de ces catégories.
Abderrahim Bouazza
D.G de Bank Al-Maghrib
Les Inspirations ÉCO : Que pensez-vous de l’évolution de la garantie institutionnelle au Maroc ?
Abderrahim Bouazza : La Caisse centrale de garantie est un système qui se renforce d’année en année. La stratégie des pouvoirs publics vise à positionner la caisse en tant que l’un des piliers de financement du tissu productif au Maroc. Le développement du système a été rythmé par plusieurs réformes institutionnelles et opérationnelles. Le fait que la Banque centrale supervise ce système lui apporte une valeur ajoutée en termes, entre autres, de solidité sur le plan prudentiel et de transparence.
Quels sont les changements depuis le démarrage de la supervision de la Banque centrale de la CCG ?
Aujourd’hui, la Banque centrale de garantie fonctionne selon les mêmes modalités qu’une banque en termes de gouvernance. Elle est soumise à des ratios prudentiels et aux mêmes règles qui s’imposent aux banques pour ce qui est des dispositifs de contrôle interne. Outre toutes ces dispositions, la Banque centrale à travers ses contrôles s’assure régulièrement que la Caisse centrale de garantie a une surface financière lui permettant d’honorer ses engagements.
Quelle est la situation de la CCG par rapport à des pays similaires dans la région MENA et en Afrique ?
Le Maroc a une histoire plus ancienne en matière de garantie institutionnelle. La création de la caisse, rappelons-le, remonte à 1949. Au fil des années, elle a diversifié ses instruments et ses capacités financières. Elle gère plusieurs fonds d’institutions financières. La caisse jouit d’une grande confiance. La CCG est sur la bonne voie.
Il y a encore des défis à relever. Lesquels ?
Il faut œuvrer à toucher encore plus la micro-entreprise et les toutes petites entreprises pour les soutenir financièrement pour l’accès au financement bancaire. Le système national de garantie devrait être davantage consolidé en mutualisant les capacités de ses acteurs et de leurs bases de données, en vue de renforcer son positionnement en tant que l’un des contributeurs clés pour le financement du tissu productif et accompagner les mutations de l’économie en s’adaptant à un environnement de plus en plus digitalisé. De nouvelles opportunités se présentent pour la CCG à travers le démarrage des banques participatives et les projets d’économie verte.
Quid du soutien des particuliers ?
Certes j’insiste sur les entreprises mais la caisse a un rôle très important en matière de soutien aux particuliers. Au niveau de l’habitat, la Caisse centrale réserve une part importante de ses ressources pour soutenir l’acquisition de logements sociaux. Il reste toujours des perspectives de développement en la matière.