Maroc

Croissance : le diagnostic de l’OCDE

Stimuler la productivité, insuffler du dynamisme au secteur privé, relever les défis du marché du travail et progresser sur la voie de la transition climatique… Autant de moyens qui permettent au Maroc d’accélérer sa croissance. Telles sont les principales conclusions de l’étude de l’OCDE pour le Maroc. Un cadre de coopération qui a été renforcé par la signature d’un protocole d’accord visant à continuer d’aider le Maroc à atteindre ses objectifs de croissance économique et de développement.

C’est en grande pompe que la cérémonie de présentation des conclusions de la deuxième phase du programme-pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a été organisée.

Cet événement marqué par la première visite au Maroc du Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, a réuni tout le gotha du gouvernement et des institutions publiques. Plusieurs ministres ont fait le déplacement pour assister au compte rendu d’une étude qui revêt une importance capitale pour le développement du pays, puisque des directives ciblées y sont recommandées.

Le Maroc, certes, se félicite des avancées significatives réalisées au niveau de bon nombre de domaines stratégiques, mais il n’en demeure pas moins qu’il aspire toujours à de nouvelles initiatives encore plus efficientes, d’où la nécessité du système d’évaluation et de gestion de la performance du programme des réformes, a souligné, en préambule, Aziz Akhannouch, chef du gouvernement.

Programme-pays
Le SG de l’OCDE a abondé, dans le même sens dans son allocution, notant le rebond réalisé par le Maroc en matière de développement économique en particulier après la pandémie. Mieux, la croissance a bien résisté, en dépit du contexte difficile lié au séisme de 2023 et de la sécheresse persistante.

S’agissant de l’étude, «le lancement de cette étude aujourd’hui même est un grand événement qui marque trois étapes majeures de notre coopération, à savoir le lancement de la première étude économique de l’OCDE consacrée au Maroc, la conclusion de la deuxième phase du Programme-pays OCDE-Maroc, et la signature d’un protocole d’accord visant à continuer d’aider le Maroc à atteindre ses objectifs de croissance économique et de développement», a-t-il déclaré.

Pour lui, bien que les réalisations et les réformes entamées soient louables, d’importants défis restent à surmonter. Le diagnostic révèle, en effet, que le Maroc peut se doter de moyens susceptibles de lui permettre de stimuler la productivité en multipliant les investissements et en insufflant du dynamisme au secteur privé. Relever les défis du marché du travail pour permettre la création d’emplois de qualité et progresser sur la voie de la transition climatique sont autant de priorités d’action grâce auxquelles le Maroc pourra avancer.

Par ailleurs, l’examen des politiques de l’investissement a donné suite à la recommandation de tirer parti de la capacité du pays d’attirer des IDE (investissements directs étrangers) en simplifiant les procédures d’autorisation des investissements, ou encore de recourir à des stratégies de facilitation de l’investissement notamment dans l’industrie, car malgré l’infrastructure de qualité, l’investissement reste faible.

La productivité pourrait également être tirée vers le haut par le développement des compétences de la main-d’œuvre, l’amélioration de l’efficience de l’investissement public, le renforcement de la concurrence et l’application de règles du jeu équitables à toutes les entreprises, s’accompagnant d’une intensification des efforts de lutte contre la corruption.

L’emploi, un must
Le capital humain qui demeure un des 4 piliers du programme-pays, l’OCDE prône un appui à l’amélioration des résultats dans le domaine de l’éducation ainsi que dans la promotion de l’égalité des genres. Quant au développement régional, il s’avère crucial d’élaborer une nouvelle politique urbaine nationale et de créer un observatoire permettant le suivi de la mise en œuvre des stratégies territoriales et l’élaboration d’indicateurs territoriaux multidimensionnels.

Toujours dans la même optique, l’organisation recommande au Maroc de renforcer la connectivité intra-urbaine, surtout que seuls 10% de la population vivent suffisamment près des centres-villes pour pouvoir faire la navette quotidiennement.

L’accent est également mis sur la consolidation des politiques de logement social ainsi que l’adoption d’une politique urbaine intégrée. La création d’emplois n’est pas en reste. Le SG de l’OCDE a soulevé que de nouvelles mesures, notamment pour réduire l’informel, devraient être mises en place pour relever ce défi majeur. Le renforcement des efforts en faveur de la formation professionnelle en entreprise et de l’apprentissage et une poursuite de la mise en œuvre des réformes du système éducatif sont également préconisés.

Pour, Nadia Fettah, ministre des Finances, les principales recommandations du rapport sont en phase avec les diagnostics. Elle va même jusqu’à souhaiter que certaines de ces recommandations soient adaptées aux spécificités du contexte marocain. Elle veut parler de celles sur le climat des affaires, la gouvernance des entreprises publiques, ou encore le marché du travail.

Prévisions économiques positives
L’étude économique de l’OCDE prévoit une croissance du PIB de 3,5% en 2024, dans le droit fil des 3,4% enregistrés en 2023, suivie d’une hausse qui la portera à 4% en 2025. À mesure que le déficit budgétaire du Maroc se réduit, le ratio dette publique/PIB devrait diminuer progressivement, passant de 69,5% en 2023 à 68,9% en 2024 et 68,2% en 2025.

L’inflation, qui a reflué sur fond d’apaisement des tensions sur les prix des produits alimentaires à l’échelle mondiale, devrait chuter, passant de 6,1% en 2023 à 2,3% en 2024, puis 2% en 2025.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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